actualité ivoirienne
mercredi 4 septembre 2013
Tension entre les Frci à Adjamé
Le cdt Koné Zakaria désarme des éléments du Ccdo
Grande frayeur jeudi à la gare ferroviaire d’Adjamé. Des éléments du 4è batterie d’artillerie sous-air ont désarmé un détachement du Centre de coordination des décisions opérationnelles (Ccdo) de section de Yopougon dirigée par le commissaire Diaby. Comment nous sommes arrivés à une situation qui a faillit dégénérer ? Il y a dix jour que la nièce du cdt Koné Zakaria a disparu. Après plusieurs recherches et plusieurs informations, le cdt est informé que sa nièce a été enlevée et séquestrée par un brouteur pendant dix jours. Toutes les recherches ont été menées. Le cdt et ses hommes décident d’infiltrer le réseau des brouteurs grâce aux services de renseignements généraux. La fille est une mineure. Pour des raisons de confidentialités nous taisons son nom. Entre-temps, lorsqu’on appelle la jeune fille c’est son ravisseur qui décroche et menace : «Si vous rappelez sur ce numéro je vais tuer votre fille». Il refuser toute communication avec les parents de son otage. Mais l’individu exige une rançon avant de libérer la gamine. Pendant ce temps, le cdt et ses hommes saisissent la brigade de gendarmerie d’Adjamé. Il dépose une plainte contre X. Le jeudi, l’individu est repéré à Yopougon, quartier Maroc. Sans réfléchir, le cdt Zakaria fait partie un détachement lourdement armé du 4ème batterie. Sur place, les éléments encerclent l’immeuble habité par le brouteur. Ils prennent le vigile pour aller montrer la maison de l’individu qui se trouve au 3ème étage. L’homme est surpris de l’arrivé des militaires. Séance tenante, on leur tend la convocation de la gendarmerie. Le brouteur demande à informer ses parents. Au lieu d’appeler ses parents, il fait appel à un élément des Frci basées à la Bae de Yopougon. Ce dernier, appelle le Ccdo pour dire qu’un individu a été enlevé par des éléments en armes. Ceux-ci alertent par radio toutes les unités de mettre aux arrêts pour tous les moyens ces hommes en armes. C’est ainsi que l’équipage a été repéré par un détachement du Ccdo qui les a pris en chasse et les a rattraper devant la gare ferroviaire. S’ensuite une chaude explication. Le Ccdo demande aux hommes de Zakaria de leur remettre les deux individus. Ce que refuse les hommes de Zakaria. Ceux-ci rendent compte à leur chef. Zakaria communique avec le chef d’équipage du Ccdo qui refuse d’obtempérer. Sous le regard des badauds. De part et d’autre, on est en position de combat. Les curieux veulent voir comment ça va se terminer. Zakaria est informé. Il arrive avec un grand détachement. Les éléments du Ccdo sont désarmés. Ils sont encerclés par les hommes du 4ème batterie. La population a applaudi. Les deux individus sont accompagnés directement à l’ex-camp du génie. Toutes les autorités du Ccdo sont informées. Le commissaire divisionnaire Kouyaté Youssouf rentre en jeu. Accompagné d’un capitaine et d’un lieutenant il négocie pour rentrer en possession des armes de leurs éléments. Sans faire de résistance, Zakaria remet les armes. Et prendre la route pour Odienné pour assister a l’enterrement du com-zone d’Odienné. Le jeune brouteur est conduit à la brigade pour nécessiter d’enquête.
Bahi K.
Le roi de Moossou : « Sanogo Mamadou ne dit pas la vérité »
Dans une interview parue lundi dans Nord-Sud Quotidien, le ministre de la Construction, du logement, de l’assainissement et de l’urbanisme, Sanogo Mamadou soutenait que les 81 ha de terrains retenus sur la route de Grand-Bassam pour accueillir le programme de logements sociaux, n’appartiennent pas à la royauté de Moossou, mais à la chefferie de Modeste. Nana Kanga Assoumou répond.
Le ministre de la Construction affirme que le terrain de Modeste dont vous revendiquez la propriété appartient plutôt à la chefferie de Modeste. Que répondez-vous ?
En le disant, le ministre devait présenter un titre foncier qui montre que le terrain appartient effectivement au chef Ahoua Konin, au lieu de brandir son arrêté préfectoral. Tous les chefs de Côte d’Ivoire ont arrêté préfectoral.
Le ministre estime que c’est cet arrêté qui donne un pouvoir au chef de Modeste sur les terres en question…
Quelle est la loi qui le dit ? Vous quittez chez vous, vous venez chez moi et vous me demandez un endroit pour vous installer. Vous avez des enfants, des petits enfants et des arrières petits enfants. A un moment donné, l’administration du territoire décide de vous nommer chef de l’endroit où vous vous trouvez. Cela fait-il de vous un propriétaire terrien ? C’est la même chose pour Konin. Il est arrivé en Côte d’Ivoire en 1978 du Ghana. Son père était déjà ici, et c’est nous qui avons désigné celui-ci comme surveillant de nos terres à Modeste. Il nous avait même demandé de lui fournir des carnets de reçu, afin qu’il fasse payer des taxes aux personnes qui exploitaient les terres. Il a demandé une procuration. Je n’étais pas encore roi. Mais j’étais aux côtés de mon oncle qui était sur le trône. Mon oncle Moulod Faustin était conseiller municipal à Treichville. Nous sommes allés ensemble faire la procuration que nous sommes venus remettre à son père. Voilà comment nous lui avons délégué le pouvoir qui lui permettait de prélever des frais d’exploitation auprès de ceux qui occupaient le site. Nous n’avons jamais rien reçu de ces recettes, mais nous n’en avons jamais fait un problème, puisqu’il était le surveillant de nos terres. Le premier contrat qu’ont signé mes parents avec le grand père de Konin date de 1939.
Que disait ce contrat ?
Il devait exploiter une cocoteraie de plus 100 hectares. Il y a trois récoltes dans l’année. Les premières récoltes revenaient aux planteurs, et la dernière à la cour royale de Moossou pour qu’elle puisse vivre. Au temps colonial, c’est la cour royale de Moossou qui nourrissait les prisonniers de Grand-Bassam. Voilà pourquoi nous sommes un royaume. Quand le directeur de cabinet du ministre de la construction, Kiyi Benoit, et une certaine ??? m’écorchent sans me connaître, j’ai mal au cœur.
Etes-vous capable de présenter à votre tour un titre foncier prouvant que ces terres vous appartiennent ?
Le titre foncier est fait sur la base de quel document ? (Il nous présente une pile de documents dont une attestation coutumière datant de 1934). J’ai déposé ces documents au ministère de la Construction, à la mairie et à la préfecture de Grand-Bassam. Mes parents ont commencé à immatriculer leurs terrains en 1926. Tous les contrats signés avec les planteurs qui ces parcelles sont là. Si je n’étais pas propriétaire terrien, ces planteurs ne seraient pas venus vers moi. Dans le contrat fait avec les planteurs, il était question qu’après la mort des titulaires, le terrain revenait à sa famille. Je n’ai pas besoin d’arracher un terrain à qui que ce soit.
Dans nos colonnes, le ministre a déclaré s’être référé au préfet de Grand-Bassam qui aurait attesté que c’est la chefferie de Modeste qui a un droit de propriété sur les terrains.
Quand je l’ai lu dans Nord-Sud Quotidien, et bien avant cela, lorsque je l’ai écouté à la télévision nationale, j’ai envoyé des émissaires vers le préfet de Grand-Bassam. Ni lui, ni le directeur de la construction de Bassam, encore moins le maire n’ont été informés de la remise du premier chèque à la chefferie de Modeste. Personne n’a été associé à ce processus. Si le préfet avait dit qu’il était informé, nous nous en serions tenus à lui.
Il n’est pas informé. Mais est-il opposé à la décision d’acheter le site à la chefferie de Modeste?
Quand le ministre affirme qu’il a appelé le préfet alors qu’il n’en est rien, nous disons qu’il y a problème. Le préfet jure qu’il n’a jamais reçu un appel téléphonique de la part du ministre.
Voulez-vous dire que ce qu’il ne nous a pas dit la vérité ?
Si c’est ce que vous voulez entendre, votre ministre n’a pas dit la vérité. Je le dis haut et fort. Le préfet m’a dit : sa majesté, vous êtes un roi, arrêtez de parler dans les journaux, parce que cela ne vous honore pas. J’ai répondu que j’étais d’accord, mais qu’on ne m’écorche pas.
Le ministre prévient que vous n’êtes pas au dessus des lois et qu’il viendra faire construire les logements par tous les moyens.
Qu’il vienne les construire.
Qu’allez-vous faire ?
Je ne vous le dirai pas. Mais dites au ministre de venir construire. Ils ont les armes, ils ont tous les moyens, mais dites au ministre de venir construire. Il nous trouvera sur son chemin. S’il n’y a pas de vérité dite dans cette affaire, le ministre nous trouvera sur son chemin. Nous savons tous que toutes les terres appartiennent à l’Etat. Mais avant de travailler, l’Etat demande l’avis des propriétaires. Mais aujourd’hui, il y a un problème. A la place de ce ministre, j’aurais convoqué les deux partie et m’entretenir avec qu’elles.
Il ne juge pas nécessaire de vous parler parce qu’il est convaincu que les terrains ne vous appartiennent pas. Pensez-vous avoir les moyens de vous opposer à lui ?
C’est qu’il nous tuera tous et l’histoire en tiendra compte.
Vous vous êtes adressez au président de la République lui disant que son projet était en danger. Que vouliez-vous dire concrètement ?
Je vais vous dire une chose. Je n’ai pas connu Alassane Ouattara quand il est devenu président de la République.
Le Cdt Abehi devant les juges en septembre
Le dossier d’accusation pour le procès du commandant Jean Noël Abehi est bouclé. L’ex-patron de l’escadron blindé de la gendarmerie d’Agban sera face aux juges militaires à la mi-septembre.
Le chef d’escadron, Jean Noël Abehi sera face aux juges dans deux semaines. Selon nos sources proches du parquet militaire, le dossier de l’accusation, dans le cadre de ce procès est déjà bouclé. Il ne reste plus qu’au tribunal militaire de se réunir. Le commandant Abehi est détenu au camp commando de Koumassi, depuis son arrestation au Ghana le 4 février 2013. Ange Bernard Kessy, commissaire du gouvernement, lors d’une conférence de presse du 14 mars dernier, dans les locaux du Tribunal militaire d’Abidjan (Tma), au Plateau, revenait sur les circonstances de l’arrestation au Ghana puis son extradition à Abidjan. L’ancien patron de l’escadron blindé de la gendarmerie d’Agban a été entendu par le tribunal militaire le 3 avril pour désertion. Le procureur militaire a précisé que le commandant Abehi est également poursuivi pour des crimes commis, lors de la crise post-électorale, et sera également entendu pour cette affaire, au cours d’un autre procès. «Lors de l’enquête préliminaire, le commandant Abehi a indiqué qu’il avait déserté parce qu'il ne supportait pas mes convocations. Il dit avoir fui pour m’éviter», avait relevé Ange Bernard Kessy. Pour cette désertion, Jean Noël Abehi risque une peine allant de cinq à vingt ans de prison ferme. Il s’agira de voir, si lors de sa défection, la Côte d’Ivoire était effectivement en crise. Selon le juge militaire, sa juridiction a été saisie pour 42 dossiers impliquant 69 éléments des forces de l’ordre, dont 20 détenus et 49 autres en liberté. Il faut rappeler que le président de la République a donné son accord pour le dégel des comptes et la levée de la suspension de solde des militaires qui sont en prison ou en liberté provisoire. Il s’agit d’un acte purement humanitaire, destiné à soulager les souffrances des familles des militaires condamnés, détenus provisoirement ou en attente d’être jugés, en vertu de la loi 74-374 du 24 juillet 1974, selon Ange Bernard Kessy.
Bahi K.
Les propositions d’un criminologue
Pour éradiquer le phénomène des gangs des machettes, l’enseignant-chercheur Dr Ballo Yacouba fait les propositions suivantes : « En guise de pistes de propositions de solutions à ce phénomène de machettes et de microbes qui a besoin d’une antibiothérapie, il faut une approche globale de résolution des problèmes de cette commune, notamment ceux des jeunes qui y résident. Les Abobolais ont le sentiment d’être les oubliés du système. Comment comprendre, par exemple, que depuis la crise postélectorale les feux tricolores et le téléphone fixe ne fonctionnent plus et qu’aucune politique sociale d’insertion et de réinsertion n’ait été effective? En matière de lutte contre la criminalité, il faut le binôme prévention et répression. Cela nécessite une collaboration franche entre forces de l’ordre et populations. Une synergie d’actions devra être menée par tous les acteurs clés de la société civile (les autorités politiques et administratives, les guides religieux, les présidents d’association et Ong, les représentants des syndicats de diverses catégories socioprofessionnelles, etc) pour redorer le blason de la commune d’Abobo. »
B.K.
l’origine de la machette
La danse "Sympa" dans les différents quartiers de Zion, Colombie, BC et Derrière-rails, dans la commune d’Abobo, est à l’origine des affrontements de supporters. Cette danse de réjouissance oppose deux couples qui s’affrontent en dansant et en chantant. C’est le public qui doit décider le vainqueur. C’est de là que commence chaque fois l’affrontement. Comme dans les différents quartiers, le phénomène des agressions à la machette n’a pas épargné le milieu estudiantin. Lors du congrès de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire(Fesci) en 1998, selon le professeur Konaté Yacouba, la machette a été déclinée en verbe. Le "machettage" a intégré officiellement une nomenclature de l’horreur. C’est dire que ce phénomène est endémique en Côte d’Ivoire. Tout le corps social est infecté par ce mal. Le milieu du transport vit aussi sa « guerre » des machettes avec la multitude de syndicats. En réalité, les membres des gangs des machettes n’ont fait que copier les agissements de certains de leurs "vieux pères " qui règlent leurs comptes dans le milieu du transport avec les mêmes armes (les machettes, les gourdins, les couteaux) voire des armes à feu.
B.K.
Le profil du gang à la machette et l’environnement social
Ces jeunes, pour ne pas dire ces délinquants, se font appeler " microbes". Sans être médecin, il est de notoriété publique que le microbe provoque la maladie, qui mal traitée, conduit à la mort. De plus, dans un corps sans défense ou avec une défense affaiblie, les microbes se développent. Il en est de même pour le corps social. Lorsqu’il est malade, la délinquance s’accroît. Pour reprendre à notre compte les mots de Lacassagne Alexandre, « le milieu social est le bouillon de culture de la criminalité ; le microbe, c’est le criminel, un élément qui n’a d’importance que le jour où il trouve le bouillon qui le fait fermenter ». Le bouillon de culture, ici, c'est la commune d’Abobo, c'est-à-dire un milieu de vie offrant les conditions pour le développement du phénomène d’agression à la machette. La commune martyre est, dit-on, la commune la plus peuplée du District d’Abidjan. Le type d’habitat est généralement les cours communes. Hormis certains services de sécurité et voies réhabilités après la crise postélectorale et l’implantation de la nouvelle gare internationale, de nouvelles boulangeries au niveau des deux principaux axes, Abobo a toujours eu le visage de commune dortoir dont l’image est ternie par l’insécurité. Les populations vivent généralement dans des conditions précaires, parfois dans des quartiers aux surnoms évocateurs (Colombie, Ninja, Gotham, Zulu, etc).
B.K.
mardi 3 septembre 2013
Enquête sur le gang a la machette
Abidjan ne dort plus. Il ne passe plus de jour sans que le gang des machettes ne se signale. Le 4 juillet, à Attécoubé, deux gangs rivaux, les microbes et les virus, se sont affrontés à la machette. Bilan : quatre morts et de nombreux blessés. Ce jour-là dans l’après-midi, au quartier Boribana, la tension était vive. Des pneus en feu jonchaient les rues. Des tables obstruaient les voies et des coups de feu se faisaient entendre de part et d’autre dans les ruelles. Des individus non identifiés, machettes en main se livraient à une chasse à l’homme dans les différents couloirs de Boribana. Il a fallu une intervention du Centre de coordination des opérations décisionnelles (Ccdo) pour mettre fin à ces scènes dignes des films d’action hollywoodiens. En effet, les forces de l’ordre ont obligé les badauds à surseoir à leurs actions macabres et à disparaître dans la nature. Même situation, même décor. Le dimanche 18 août à 15h, des individus, armés de couteaux, de machettes et d’autres objets contondants font irruption sur l’esplanade de l’hypermarché Sococé des Deux-Plateau. Ils s’attaquent à toutes les personnes qu’ils rencontrent. Ils arrachent les téléphones portables et autres biens. C’est la psychose totale chez des clients qui arrivent ou qui quittent le parking de la grande surface. Selon des témoins de la scène, les agresseurs sont des jeunes gens dont l’âge varie entre 15 et 22 ans. Ils sont arrivés à bord d’un minicar. Pendant qu’ils sèment la terreur, la police est alertée. Mais, toujours selon des témoins, avant l’arrivée des flics, les malfrats ont eu le temps de se fondre dans la nature. Ils ont fait plusieurs victimes avant de prendre le large. Ces braqueurs, on le constate, ont les mêmes caractéristiques que les gangs à la machette qui sévissent à Abobo depuis des mois : des adolescents très violents qui opèrent en grand nombre, munis d’armes blanches. Après avoir touché tous les quartiers de la commune dirigée par le maire Toungara, le phénomène a atteint Attécoubé, où plusieurs témoins ont déjà dénoncé cette pratique ignoble qui se produit en pleine journée. Jusque-là, on croyait les habitants des quartiers huppés à l’abri de cette forme de criminalité. C’était mal connaître les jeunes gangsters qui viennent de frapper à un endroit névralgique de Cocody.
Abobo ouvre la danse
Le gang des machettes s’est signalé plus d’une fois à Abobo. Pour preuve, Ouattara Sidi Moctar a failli perdre la vie dans la nuit du 23 février dernier à 23 heures. Le professeur de sciences physiques dans un établissement scolaire d’Abobo, a été attaqué par un groupe de 50 jeunes gens armés de machettes et de gourdins. C’est un gang qui sévit depuis quelques mois. Il a mis en place une opération dénommée «Filet». Elle consiste à dépouiller et bastonner tous ceux ou celles qui se trouvent sur leur chemin. Cette nuit-là, après son agression, l’enseignant a eu un doigt sectionné et plusieurs blessures à l’abdomen. Ce redoutable gang est composé de 50 à 200 jeunes gens dont l’âge varie entre 13 et 26 ans. Le chef de la bande armée se nomme Camara Ousmane alias Oussou, 26 ans. «C’est grâce à la volonté de Dieu que j’ai pu m’échapper des mailles du filet. Regardez mon doigt. Ils m’ont bastonné et dépouillé. C’est moi qui ai saisi le commissariat de police du 32ème arrondissement. Avec l’appui du commissaire, les enquêtes ont abouti à l’arrestation du chef de gang Camara Ousmane, de Keita Mohamed Lamine, 13 ans, et de Cissé Ousmane Likané, 17 ans. Ils ont été mis aux arrêts le 6 mars dernier lorsqu’ils préparaient une énième offensive. C’était vers le glacier d’Abobo sur la voie express, en face du collège Iris. C’est sous la clameur populaire que ces voyous ont été conduits au commissariat de police », explique Sidi Moctar qui porte encore les stigmates de ses blessures. L’arrestation de ces malfrats d’un autre genre a déclenché la colère des autres membres du gang. Ceux-ci ont organisé un assaut contre le commissariat en vue de libérer Oussou et les deux autres prévenus. Pour éviter tout débordement, les policiers sécurisent dans un premier temps leurs locaux. Puis ils exfiltrent les détenus pour les conduire au violon du district de police d’Abobo. C’est de là que les trois bandits ont été présentés au procureur de la République près le tribunal d’Abidjan-Plateau. Ils ont été mis sous mandat de dépôt puis condamnés à 20 ans de prison par le tribunal, deux semaines après leur arrestation. Cela n’a pas entamé l’ardeur du groupe qui change immédiatement de tête. Un nouveau chef de gang est nommé en la personne d’un certain Roma. Ce dernier est épaulé par les nommés Abou et Fabrice. Comme Ouattara Sidi Moctar, d’autres citoyens ont aussi été victimes du gang à la machette. Coulibaly Ibrahima a eu moins de chance que le prof. Il a été molesté, dépouillé et abandonné dans une ruelle du sous-quartier Agnisankoi comme un vulgaire voyou. Le gang a emporté ses téléphones portables, sa paire de chaussures Sebago, son porte-monnaie contenant des numéraires et son bracelet fabriqué en argent-blanc. K Romaric, lui, a subi l’assaut lancé par le même gang alors qu’il se trouvait dans un bistrot, non loin de son domicile, à la rue « Gbêlin ». C’était au secteur Château du quartier Avocatier. «Je prenais un verre avec ma voisine. Contre toute attente, un groupe d’une soixantaine de jeunes est passé devant le maquis. Je signale que les rues de notre quartier sont très animées. A première vue, cela ne m’a rien dit. Quelques minutes après, deux individus se détachent du lot et font irruption dans le bistrot avec des seaux en main. Le premier bandit s’est dirigé vers le comptoir où se trouvait le gérant. Le second nous a sommés de déposer tous nos biens dans un des seaux», relate le technicien en bâtiment de 41 ans. Il a été dépouillé de ses deux téléphones portables et de son porte-monnaie contenant de l’argent et sa carte d’identité. Par ailleurs, il ajoute que les truands ne se sont pas contentés de prendre ses biens. Il a été tailladé au bras et à l’épaule droite.
Terrorisée, la population crie au secours
«Les choses sont allées très vite. Surpris par l’attaque, je ne voulais pas donner ce qu’il (son agresseur) réclamait. C’est ainsi qu’il m’a tapé avec sa machette», ajoute Romaric. Selon lui, après leur forfait, les deux individus l’ont laissé dans une mare de sang. Ils sont ressortis du bistrot sans être inquiétés. Le groupe est soutenu par des jeunes filles membres du gang. Elles scandent : «Guerriers ! Guerriers !»
Traoré Salif a eu, lui aussi, la malchance de se retrouver sur le chemin de ces gangsters qui sèment la désolation depuis le mois d’octobre 2012. Il nous explique que le gang a vidé la caisse de sa boutique. D’après lui, il a emporté la somme de 200.000 Fcfa en plus de deux sacs de riz et diverses marchandises. « Ils sont entrés de force dans mon magasin. Ils ont pris ce qu’ils pouvaient prendre. Je ne m’y suis pas opposé au risque d’être agressé ou tué», affirme-t-il. Le commerçant est d’autant plus inquiet car, poursuit-il, les braquages montent en puissance. «Nous avons porté plainte au commissariat de police du 32ème arrondissement. Une enquête a été ouverte pour donner une suite à mon agression», confie le boutiquier. Derrière-rails, un autre sous-quartier de la commune martyre. T Ousmane, commerçant, en a fait les frais pour la seconde fois. Il nous montre les cicatrices de ses blessures à la tête et à la hanche. La victime raconte qu’en début d’après-midi du 15 janvier dernier, une vingtaine d’individus armés de machettes se sont introduits dans son magasin. Ousmane précise qu’il devait passer une commande de 10 tonnes de riz. « Quand ils sont arrivés, je venais de préparer une enveloppe de 5 millions Fcfa pour une commande. Très excités, ils m’ont roué de coups. J’ai été tailladé par ces individus», se lamente-il.
Comment le gang des machettes opère
Pour commettre leurs forfaits, ces jeunes sèment la terreur en se constituant en bande armée. Munis de gourdins, de machettes, ils occupent les rues en simulant des bagarres entre eux et agressent les passants et les commerçants. Au dire d’une victime, « ils ravagent tout sur leurs passages ; les gens courent dans tous les sens pour entrer dans une habitation pour s’y abriter ». Au-delà des atteintes aux biens notamment les portables, l’argent, les victimes sont parfois gravement blessées.
Le cdt Jah Gao en guerre contre le gang des machettes
Le commandant Gaoussou Koné dit Jah Gao a déclaré la guerre aux gangs des machettes. Le patron des Forces républicaines de Côte d’Ivoire(Frci) basées au camp commando d’Abobo a mis en place, depuis quelques jours, une unité spéciale pour traquer et anéantir les différents gangs qui sèment la terreur dans les quartiers de la commune d’Abobo. « Il est vrai que c’est le rôle de la police et de la gendarmerie d’assurer la sécurité. Mais lorsque nous sommes sollicités, nous réagissons. Le problème, c’est que nous ne sommes pas habilités à conduire des procédures lorsque ces gangsters sont arrêtés. Cependant, nous ne pouvons pas rester les bras croisés. Ainsi, nous avons identifié les zones rouges, c'est-à-dire les quartiers où les gangs des machettes opèrent. Des éléments ont été repositionnés à ces endroits. C’est une force en attente qui se déploie dès qu’il y a une situation », nous a expliqué l’officier supérieur. Selon lui, ces actions ont déjà porté des fruits car plusieurs gangs ont été démantelés. Les malfrats, dont l’âge varie entre 15 et 22 ans, ont été arrêtés et déférés au parquet d’Abidjan. « Nous sommes prêts à démanteler ces gangs. Mais nous avons besoin de l’accompagnement de la police et de la gendarmerie dans l’ouverture des procédures et des auditions des prévenus. Nous avons informé le commandant des forces terrestres du phénomène des machettes. Il a indiqué que les autorités en charge de la sécurité intérieure doivent jouer leur partition en encadrant nos actions. C’est la difficulté à laquelle nous sommes confrontés », a-t-il ajouté avant d’indiquer qu’il y a un lien direct entre ce fléau et la présence de fumoirs de drogue. Pour joindre l’acte à la parole, le cdt Jah Gao a dressé la cartographie des fumoirs de drogue qui pullulent dans les coins et recoins de la commune d’Abobo. Ainsi, hier, ses éléments ont détruit six fumoirs et ont saisi 20 kilogrammes de cannabis. «Les membres des gangs des machettes sont des drogués. Lorsque nous les arrêtons, on retrouve en leur possession de la drogue. Ils fument la drogue avant d’opérer. Donc, l’une de nos stratégies consiste à détruire ces fumoirs de drogue. Nous avons fait le travail mais là encore il faut que la police et la gendarmerie prennent leur place. Faut-il rappeler que notre mission est la défense du territoire national. La sécurité intérieure est du ressort de la police appuyée par la gendarmerie. Nous n’intervenons qu’en dernier ressort», a rappelé le patron des Frci du camp commando d’Abobo.
Bahi K.
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