mercredi 4 septembre 2013

Le roi de Moossou : « Sanogo Mamadou ne dit pas la vérité »

Dans une interview parue lundi dans Nord-Sud Quotidien, le ministre de la Construction, du logement, de l’assainissement et de l’urbanisme, Sanogo Mamadou soutenait que les 81 ha de terrains retenus sur la route de Grand-Bassam pour accueillir le programme de logements sociaux, n’appartiennent pas à la royauté de Moossou, mais à la chefferie de Modeste. Nana Kanga Assoumou répond. Le ministre de la Construction affirme que le terrain de Modeste dont vous revendiquez la propriété appartient plutôt à la chefferie de Modeste. Que répondez-vous ? En le disant, le ministre devait présenter un titre foncier qui montre que le terrain appartient effectivement au chef Ahoua Konin, au lieu de brandir son arrêté préfectoral. Tous les chefs de Côte d’Ivoire ont arrêté préfectoral. Le ministre estime que c’est cet arrêté qui donne un pouvoir au chef de Modeste sur les terres en question… Quelle est la loi qui le dit ? Vous quittez chez vous, vous venez chez moi et vous me demandez un endroit pour vous installer. Vous avez des enfants, des petits enfants et des arrières petits enfants. A un moment donné, l’administration du territoire décide de vous nommer chef de l’endroit où vous vous trouvez. Cela fait-il de vous un propriétaire terrien ? C’est la même chose pour Konin. Il est arrivé en Côte d’Ivoire en 1978 du Ghana. Son père était déjà ici, et c’est nous qui avons désigné celui-ci comme surveillant de nos terres à Modeste. Il nous avait même demandé de lui fournir des carnets de reçu, afin qu’il fasse payer des taxes aux personnes qui exploitaient les terres. Il a demandé une procuration. Je n’étais pas encore roi. Mais j’étais aux côtés de mon oncle qui était sur le trône. Mon oncle Moulod Faustin était conseiller municipal à Treichville. Nous sommes allés ensemble faire la procuration que nous sommes venus remettre à son père. Voilà comment nous lui avons délégué le pouvoir qui lui permettait de prélever des frais d’exploitation auprès de ceux qui occupaient le site. Nous n’avons jamais rien reçu de ces recettes, mais nous n’en avons jamais fait un problème, puisqu’il était le surveillant de nos terres. Le premier contrat qu’ont signé mes parents avec le grand père de Konin date de 1939. Que disait ce contrat ? Il devait exploiter une cocoteraie de plus 100 hectares. Il y a trois récoltes dans l’année. Les premières récoltes revenaient aux planteurs, et la dernière à la cour royale de Moossou pour qu’elle puisse vivre. Au temps colonial, c’est la cour royale de Moossou qui nourrissait les prisonniers de Grand-Bassam. Voilà pourquoi nous sommes un royaume. Quand le directeur de cabinet du ministre de la construction, Kiyi Benoit, et une certaine ??? m’écorchent sans me connaître, j’ai mal au cœur. Etes-vous capable de présenter à votre tour un titre foncier prouvant que ces terres vous appartiennent ? Le titre foncier est fait sur la base de quel document ? (Il nous présente une pile de documents dont une attestation coutumière datant de 1934). J’ai déposé ces documents au ministère de la Construction, à la mairie et à la préfecture de Grand-Bassam. Mes parents ont commencé à immatriculer leurs terrains en 1926. Tous les contrats signés avec les planteurs qui ces parcelles sont là. Si je n’étais pas propriétaire terrien, ces planteurs ne seraient pas venus vers moi. Dans le contrat fait avec les planteurs, il était question qu’après la mort des titulaires, le terrain revenait à sa famille. Je n’ai pas besoin d’arracher un terrain à qui que ce soit. Dans nos colonnes, le ministre a déclaré s’être référé au préfet de Grand-Bassam qui aurait attesté que c’est la chefferie de Modeste qui a un droit de propriété sur les terrains. Quand je l’ai lu dans Nord-Sud Quotidien, et bien avant cela, lorsque je l’ai écouté à la télévision nationale, j’ai envoyé des émissaires vers le préfet de Grand-Bassam. Ni lui, ni le directeur de la construction de Bassam, encore moins le maire n’ont été informés de la remise du premier chèque à la chefferie de Modeste. Personne n’a été associé à ce processus. Si le préfet avait dit qu’il était informé, nous nous en serions tenus à lui. Il n’est pas informé. Mais est-il opposé à la décision d’acheter le site à la chefferie de Modeste? Quand le ministre affirme qu’il a appelé le préfet alors qu’il n’en est rien, nous disons qu’il y a problème. Le préfet jure qu’il n’a jamais reçu un appel téléphonique de la part du ministre. Voulez-vous dire que ce qu’il ne nous a pas dit la vérité ? Si c’est ce que vous voulez entendre, votre ministre n’a pas dit la vérité. Je le dis haut et fort. Le préfet m’a dit : sa majesté, vous êtes un roi, arrêtez de parler dans les journaux, parce que cela ne vous honore pas. J’ai répondu que j’étais d’accord, mais qu’on ne m’écorche pas. Le ministre prévient que vous n’êtes pas au dessus des lois et qu’il viendra faire construire les logements par tous les moyens. Qu’il vienne les construire. Qu’allez-vous faire ? Je ne vous le dirai pas. Mais dites au ministre de venir construire. Ils ont les armes, ils ont tous les moyens, mais dites au ministre de venir construire. Il nous trouvera sur son chemin. S’il n’y a pas de vérité dite dans cette affaire, le ministre nous trouvera sur son chemin. Nous savons tous que toutes les terres appartiennent à l’Etat. Mais avant de travailler, l’Etat demande l’avis des propriétaires. Mais aujourd’hui, il y a un problème. A la place de ce ministre, j’aurais convoqué les deux partie et m’entretenir avec qu’elles. Il ne juge pas nécessaire de vous parler parce qu’il est convaincu que les terrains ne vous appartiennent pas. Pensez-vous avoir les moyens de vous opposer à lui ? C’est qu’il nous tuera tous et l’histoire en tiendra compte. Vous vous êtes adressez au président de la République lui disant que son projet était en danger. Que vouliez-vous dire concrètement ? Je vais vous dire une chose. Je n’ai pas connu Alassane Ouattara quand il est devenu président de la République.

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