jeudi 22 août 2013

Le cdt Gaoussou Koné alias Jah Gao : «Nous allons désarmer de force les ex-combattants à Abobo»

Le commandant du camp commando d'Abobo prévient qu’à la fin de l’opération du dépôt volontaire d’armes, tous les ex-combattants qui ne se plieront pas aux instructions seront désarmés de force. Qu'est-ce qui est à l'origine de la colère des ex-combattants logés dans les résidences universitaires? Nous sommes en train de faire un travail propre. Il est question de voir au sein du camp qui y loge et qui fait quoi ? Je suis en train de récupérer toutes les armes. Je ne veux plus voir un élément en arme en ville. Je ne veux plus voir un élément qui tient une arme chez lui à la maison. C'est ce travail que je suis en train de faire. Je suis en train de faire un recensement : l'élément dépose son arme, on prend son identité. En face de son nom, je mets le numéro de son arme qu'il a déposé. Sans oublier de prendre son contact téléphonique. Je suis en train de mettre en place un magasin d'armes. Nous sommes passés dans toutes chambres occupées par les éléments pour voir qui est là et qui fait quoi. Nous sommes dans la normalité maintenant. Il faut que les choses soient normales : plus d'armes dans les rues, à Abobo. Nos hommes que vous allez voir en arme en ville, c'est qu'ils sont de service. Toutes les armes seront stockées dans le magasin d'armes. Ceux qui vont prendre le service, on va leur donner les armes pour travailler. Ils vont faire la patrouille et ils reviennent le lendemain matin déposer les armes qu'on leur a remises la veille. Plus d'armes à la maison, plus d'armes dans les rues. C’est ce travail que je suis en train de faire. Peut-on affirmer que c'est cela qui explique leur colère ? Ceux qui parlent ou qui grognent, ce sont des éléments qui n'ont pas participé aux combats. Ils ne savent même pas tenir une arme à feu. Mais nous n'allons pas céder à cela; nous sommes habitués à ce genre de situations. Est-ce que vous avez identifié ces éléments en colère ? On ne peut pas les identifier. Moi, je connais ceux qui ont combattu à Abobo lors de la crise postélectorale. Je connais les combattants. Ceux qui s'agitent, ce sont de gens qui veulent se promener avec les armes en ville pour agresser les honnêtes citoyens. Donc, l'opération de dépôt d'armes ne les arrange pas. Quand l'Addr (Autorité pour le désarmement, la démobilisation et la réintégration, ndlr) lance l'opération de dépôt d'armes, les éléments n'envoient que les armes défectueuses. Ils gardent à la maison, les armes fonctionnelles, c'est-à-dire les vraies armes. A quoi obéit cette opération ? Je vous disais tout à l'heure qu'on ne veut plus voir d'éléments en armes. Moi-même, je suis commandant, mais je ne détiens pas une arme chez moi à la maison. L'armement d'Abobo doit être stocké dans un magasin d'armes. Mais ce n'est pas nouveau, l'opération que nous sommes en train de faire. Il y a longtemps que le chef d'état-major nous avait demandé de lancer l'opération de dépôt d'arme. Et c'est ce que nous faisons. Mais ce n'est pas votre rôle du désarmer. C'est plutôt l'Addr qui doit le faire ! Vous pensez que l'Addr peut désarmer aussi facilement? Pourquoi l'Addr ne peut pas désarmer, selon vous ? Il y a bien longtemps que l'opération de désarmement a commencé. Pour ça piétine ? Au niveau d'Abobo, je suis en train de mettre en place mon organisation, de sorte que toutes les armes d'Abobo soient stockées dans le magasin. Mais l'Addr ne peut pas prendre toutes ces armes. Nous avons besoin des armes pour travailler. Comment allez-vous procédé pour récupérer effectivement toutes les armes cachées ? C'est au cours des opérations lancées par l'Addr que les éléments ne présentent pas leurs vraies armes. Prenons un cas pratique. Sur cette liste (il nous la montre, ndlr), vous avez Diarrassouba Lamine. En face de son nom, il est marqué son numéro de profilage; le numéro de l'arme qu'il a déposé et son contact téléphonique. C'est ce travail que je suis en train de faire. Tous ceux-là ont des armes. Mais ils ne peuvent les garder sur eux. Il faut que les armes soient stockées dans un seul endroit. Et s'ils refusent de déposer les armes. Qu'est-ce que vous allez faire ? Ils ne peuvent pas refuser. Ils sont obligés de déposer leurs armes. Parce que je leur ai dit que pour que votre nom soit sur la liste des ex-combattants d'Abobo, il faut venir déposer les armes. Il y a des éléments qui sont venus de Bingerville pour déposer leurs armes. On leur a dit de patienter pour un court moment, le temps pour nous d'achever l'installation de la poudrière. Cela va se faire cette semaine. Vu l'affluence, nous avons fait un programme. Il y avait plusieurs groupes de combattants à Abobo. On va les regrouper en cinq compagnies. Pour la première compagnie dirigée par Coulibaly Sindou elle est composée des groupes tels que Fara, 14ème, 007, Hamed Dca, T, Palestine et De Gaulle. Donc tous ces petits groupes forment un seul bloc qui la première, compagnie dirigée par un chef. Quand je prends la dexuième compagnie, il y a Gaza, Sniper, 34ème, Ccra, Udis ...Elle est dirigée par Kouma Moritchè. La troisième compagnie est dirigée par Diarrassouba Broulaye. Elle regroupe Kossovo, Scorpion, Lougarou, Choco, Lion. Ensuite de suite. Donc, c'est ce travail que nous sommes en train de faire. On a établi un chronogramme de dépôt d'armes pour ces différentes compagnies. A partir du 27 août prochain, on commence avec la première compagnie qui est commandée par Coulibaly Sindou. A la fin de l'opération, il signe pour dire que les éléments qui composent sa compagnie ont tous déposé leurs armes. Nous avons son contact téléphonique. Il indique le nombre et le type d'armes déposées. On a recensé 302 chambres occupées par 376 éléments. Ceux qui son en colère, ce sont des gens qui n'ont jamais participé aux combats. Quand l'Addr nous donne un quota, alors nous partageons de façon équitable les places disponibles. On nous dit par exemple : « Abobo, vous avez trente places ». Je convoque les différents chefs de compagnie. Je ne connais pas les éléments. Moi, j'ai affaire aux chefs. Je leur dit qu'il y a trente places pour cinq compagnies. On divise le nombre de places par le nombre de compagnies. Je leur demande de me donner la liste de leurs hommes. Lorsque je reçois la liste, alors je la dépose auprès de l'Addr. Selon nos sources, vous êtes en train de chasser des ex-combattants des cités universitaires au profit d'élèves et d'étudiants. Est-ce le début du déguerpissement? Quels élèves (rires). Les jeunes qui sont encore sur les bancs d'école Dans un camp militaire, loger des élèves, ce n'est pas possible. C'est une information erronée. Ce sont les militaires qui sont logés dans ces chambres. C'est pour amener les gens à déposer leurs armes. Nous sommes en train de préparer la libération de la cité universitaire; elle appartient aux étudiants. Ce n'est pas un camp militaire. Du jour au lendemain, on peut dire qu'on va réhabiliter la cité pour faciliter le retour des étudiants. On fait comment ? On doit préparer nos hommes à cela. Sinon, on risque de créer un autre problème. Qui sont les gens qui logent dans les chambres des cités universitaires? On est en train de faire un recensement chambre après chambre, pour voir qui est là et qui fait quoi. Est-ce que vous savez maintenant qui sont dans ces chambres ? On le sait. Ce sont des militaires qui occupent les chambres. C'est eux même qui créent ces problèmes. Parce qu'il y a certains éléments qui ont logé des vendeurs de moutons. Ces personnes-là n'ont rien à faire dans un camp militaire. C'est au cours des opérations de recensement que nous avons découvert cela. Il se trouve que ces personnes sont logées avec la complicité de certains éléments. Ils disent que ce sont leurs frères. On leur demande tout simplement de quitter la cité, c'est du n'importe quoi ; il faut assainir. Certains éléments mettent en location leur chambre comme les étudiants le faisaient dans le temps. Ils vendent aussi l'électricité aux gérants de kiosque à café. Donc, vous comprenez pourquoi ces éléments sont mécontents, c'est à cause de ce genre de comportements. Mais nous, on ne va pas céder à ces grincements de dents. Lorsque l'opération de dépôt volontaire d'arme va prendre fin, celui qu'on va voir avec une arme dehors, il devra s'expliquer. Qu’est-ce que vous voulez dire exactement ? On va mettre la personne en prison pour détention illégale d'arme à feu et d'arme de guerre. Il y a un moment de flottement. Aujourd’hui, nous sommes dans la normalité. Moi-même qui est suis commandant, je ne détiens pas d'arme à feu à la maison. Est-ce qu'on peut dire que vous avez pris le taureau par les cornes? Depuis longtemps, nous faisons ce travail. Nous avons réussi à regrouper les petits groupes de combattants dans des compagnies pour former des blocs homogènes. Elles sont dirigées par des chefs qui nous connaissons très bien. C'est un travail progressif. Il vaut mieux déposer tranquillement son arme, au lieu de se faire humilier devant sa famille. Nous allons passer à une étape supérieure. Vous déposez tranquillement votre arme ou bien vous déposez de force. J'ai les hommes et les moyens pour désarmer de force. Réalisée par Bahi K.

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