mercredi 4 septembre 2013
Tension entre les Frci à Adjamé
Le cdt Koné Zakaria désarme des éléments du Ccdo
Grande frayeur jeudi à la gare ferroviaire d’Adjamé. Des éléments du 4è batterie d’artillerie sous-air ont désarmé un détachement du Centre de coordination des décisions opérationnelles (Ccdo) de section de Yopougon dirigée par le commissaire Diaby. Comment nous sommes arrivés à une situation qui a faillit dégénérer ? Il y a dix jour que la nièce du cdt Koné Zakaria a disparu. Après plusieurs recherches et plusieurs informations, le cdt est informé que sa nièce a été enlevée et séquestrée par un brouteur pendant dix jours. Toutes les recherches ont été menées. Le cdt et ses hommes décident d’infiltrer le réseau des brouteurs grâce aux services de renseignements généraux. La fille est une mineure. Pour des raisons de confidentialités nous taisons son nom. Entre-temps, lorsqu’on appelle la jeune fille c’est son ravisseur qui décroche et menace : «Si vous rappelez sur ce numéro je vais tuer votre fille». Il refuser toute communication avec les parents de son otage. Mais l’individu exige une rançon avant de libérer la gamine. Pendant ce temps, le cdt et ses hommes saisissent la brigade de gendarmerie d’Adjamé. Il dépose une plainte contre X. Le jeudi, l’individu est repéré à Yopougon, quartier Maroc. Sans réfléchir, le cdt Zakaria fait partie un détachement lourdement armé du 4ème batterie. Sur place, les éléments encerclent l’immeuble habité par le brouteur. Ils prennent le vigile pour aller montrer la maison de l’individu qui se trouve au 3ème étage. L’homme est surpris de l’arrivé des militaires. Séance tenante, on leur tend la convocation de la gendarmerie. Le brouteur demande à informer ses parents. Au lieu d’appeler ses parents, il fait appel à un élément des Frci basées à la Bae de Yopougon. Ce dernier, appelle le Ccdo pour dire qu’un individu a été enlevé par des éléments en armes. Ceux-ci alertent par radio toutes les unités de mettre aux arrêts pour tous les moyens ces hommes en armes. C’est ainsi que l’équipage a été repéré par un détachement du Ccdo qui les a pris en chasse et les a rattraper devant la gare ferroviaire. S’ensuite une chaude explication. Le Ccdo demande aux hommes de Zakaria de leur remettre les deux individus. Ce que refuse les hommes de Zakaria. Ceux-ci rendent compte à leur chef. Zakaria communique avec le chef d’équipage du Ccdo qui refuse d’obtempérer. Sous le regard des badauds. De part et d’autre, on est en position de combat. Les curieux veulent voir comment ça va se terminer. Zakaria est informé. Il arrive avec un grand détachement. Les éléments du Ccdo sont désarmés. Ils sont encerclés par les hommes du 4ème batterie. La population a applaudi. Les deux individus sont accompagnés directement à l’ex-camp du génie. Toutes les autorités du Ccdo sont informées. Le commissaire divisionnaire Kouyaté Youssouf rentre en jeu. Accompagné d’un capitaine et d’un lieutenant il négocie pour rentrer en possession des armes de leurs éléments. Sans faire de résistance, Zakaria remet les armes. Et prendre la route pour Odienné pour assister a l’enterrement du com-zone d’Odienné. Le jeune brouteur est conduit à la brigade pour nécessiter d’enquête.
Bahi K.
Le roi de Moossou : « Sanogo Mamadou ne dit pas la vérité »
Dans une interview parue lundi dans Nord-Sud Quotidien, le ministre de la Construction, du logement, de l’assainissement et de l’urbanisme, Sanogo Mamadou soutenait que les 81 ha de terrains retenus sur la route de Grand-Bassam pour accueillir le programme de logements sociaux, n’appartiennent pas à la royauté de Moossou, mais à la chefferie de Modeste. Nana Kanga Assoumou répond.
Le ministre de la Construction affirme que le terrain de Modeste dont vous revendiquez la propriété appartient plutôt à la chefferie de Modeste. Que répondez-vous ?
En le disant, le ministre devait présenter un titre foncier qui montre que le terrain appartient effectivement au chef Ahoua Konin, au lieu de brandir son arrêté préfectoral. Tous les chefs de Côte d’Ivoire ont arrêté préfectoral.
Le ministre estime que c’est cet arrêté qui donne un pouvoir au chef de Modeste sur les terres en question…
Quelle est la loi qui le dit ? Vous quittez chez vous, vous venez chez moi et vous me demandez un endroit pour vous installer. Vous avez des enfants, des petits enfants et des arrières petits enfants. A un moment donné, l’administration du territoire décide de vous nommer chef de l’endroit où vous vous trouvez. Cela fait-il de vous un propriétaire terrien ? C’est la même chose pour Konin. Il est arrivé en Côte d’Ivoire en 1978 du Ghana. Son père était déjà ici, et c’est nous qui avons désigné celui-ci comme surveillant de nos terres à Modeste. Il nous avait même demandé de lui fournir des carnets de reçu, afin qu’il fasse payer des taxes aux personnes qui exploitaient les terres. Il a demandé une procuration. Je n’étais pas encore roi. Mais j’étais aux côtés de mon oncle qui était sur le trône. Mon oncle Moulod Faustin était conseiller municipal à Treichville. Nous sommes allés ensemble faire la procuration que nous sommes venus remettre à son père. Voilà comment nous lui avons délégué le pouvoir qui lui permettait de prélever des frais d’exploitation auprès de ceux qui occupaient le site. Nous n’avons jamais rien reçu de ces recettes, mais nous n’en avons jamais fait un problème, puisqu’il était le surveillant de nos terres. Le premier contrat qu’ont signé mes parents avec le grand père de Konin date de 1939.
Que disait ce contrat ?
Il devait exploiter une cocoteraie de plus 100 hectares. Il y a trois récoltes dans l’année. Les premières récoltes revenaient aux planteurs, et la dernière à la cour royale de Moossou pour qu’elle puisse vivre. Au temps colonial, c’est la cour royale de Moossou qui nourrissait les prisonniers de Grand-Bassam. Voilà pourquoi nous sommes un royaume. Quand le directeur de cabinet du ministre de la construction, Kiyi Benoit, et une certaine ??? m’écorchent sans me connaître, j’ai mal au cœur.
Etes-vous capable de présenter à votre tour un titre foncier prouvant que ces terres vous appartiennent ?
Le titre foncier est fait sur la base de quel document ? (Il nous présente une pile de documents dont une attestation coutumière datant de 1934). J’ai déposé ces documents au ministère de la Construction, à la mairie et à la préfecture de Grand-Bassam. Mes parents ont commencé à immatriculer leurs terrains en 1926. Tous les contrats signés avec les planteurs qui ces parcelles sont là. Si je n’étais pas propriétaire terrien, ces planteurs ne seraient pas venus vers moi. Dans le contrat fait avec les planteurs, il était question qu’après la mort des titulaires, le terrain revenait à sa famille. Je n’ai pas besoin d’arracher un terrain à qui que ce soit.
Dans nos colonnes, le ministre a déclaré s’être référé au préfet de Grand-Bassam qui aurait attesté que c’est la chefferie de Modeste qui a un droit de propriété sur les terrains.
Quand je l’ai lu dans Nord-Sud Quotidien, et bien avant cela, lorsque je l’ai écouté à la télévision nationale, j’ai envoyé des émissaires vers le préfet de Grand-Bassam. Ni lui, ni le directeur de la construction de Bassam, encore moins le maire n’ont été informés de la remise du premier chèque à la chefferie de Modeste. Personne n’a été associé à ce processus. Si le préfet avait dit qu’il était informé, nous nous en serions tenus à lui.
Il n’est pas informé. Mais est-il opposé à la décision d’acheter le site à la chefferie de Modeste?
Quand le ministre affirme qu’il a appelé le préfet alors qu’il n’en est rien, nous disons qu’il y a problème. Le préfet jure qu’il n’a jamais reçu un appel téléphonique de la part du ministre.
Voulez-vous dire que ce qu’il ne nous a pas dit la vérité ?
Si c’est ce que vous voulez entendre, votre ministre n’a pas dit la vérité. Je le dis haut et fort. Le préfet m’a dit : sa majesté, vous êtes un roi, arrêtez de parler dans les journaux, parce que cela ne vous honore pas. J’ai répondu que j’étais d’accord, mais qu’on ne m’écorche pas.
Le ministre prévient que vous n’êtes pas au dessus des lois et qu’il viendra faire construire les logements par tous les moyens.
Qu’il vienne les construire.
Qu’allez-vous faire ?
Je ne vous le dirai pas. Mais dites au ministre de venir construire. Ils ont les armes, ils ont tous les moyens, mais dites au ministre de venir construire. Il nous trouvera sur son chemin. S’il n’y a pas de vérité dite dans cette affaire, le ministre nous trouvera sur son chemin. Nous savons tous que toutes les terres appartiennent à l’Etat. Mais avant de travailler, l’Etat demande l’avis des propriétaires. Mais aujourd’hui, il y a un problème. A la place de ce ministre, j’aurais convoqué les deux partie et m’entretenir avec qu’elles.
Il ne juge pas nécessaire de vous parler parce qu’il est convaincu que les terrains ne vous appartiennent pas. Pensez-vous avoir les moyens de vous opposer à lui ?
C’est qu’il nous tuera tous et l’histoire en tiendra compte.
Vous vous êtes adressez au président de la République lui disant que son projet était en danger. Que vouliez-vous dire concrètement ?
Je vais vous dire une chose. Je n’ai pas connu Alassane Ouattara quand il est devenu président de la République.
Le Cdt Abehi devant les juges en septembre
Le dossier d’accusation pour le procès du commandant Jean Noël Abehi est bouclé. L’ex-patron de l’escadron blindé de la gendarmerie d’Agban sera face aux juges militaires à la mi-septembre.
Le chef d’escadron, Jean Noël Abehi sera face aux juges dans deux semaines. Selon nos sources proches du parquet militaire, le dossier de l’accusation, dans le cadre de ce procès est déjà bouclé. Il ne reste plus qu’au tribunal militaire de se réunir. Le commandant Abehi est détenu au camp commando de Koumassi, depuis son arrestation au Ghana le 4 février 2013. Ange Bernard Kessy, commissaire du gouvernement, lors d’une conférence de presse du 14 mars dernier, dans les locaux du Tribunal militaire d’Abidjan (Tma), au Plateau, revenait sur les circonstances de l’arrestation au Ghana puis son extradition à Abidjan. L’ancien patron de l’escadron blindé de la gendarmerie d’Agban a été entendu par le tribunal militaire le 3 avril pour désertion. Le procureur militaire a précisé que le commandant Abehi est également poursuivi pour des crimes commis, lors de la crise post-électorale, et sera également entendu pour cette affaire, au cours d’un autre procès. «Lors de l’enquête préliminaire, le commandant Abehi a indiqué qu’il avait déserté parce qu'il ne supportait pas mes convocations. Il dit avoir fui pour m’éviter», avait relevé Ange Bernard Kessy. Pour cette désertion, Jean Noël Abehi risque une peine allant de cinq à vingt ans de prison ferme. Il s’agira de voir, si lors de sa défection, la Côte d’Ivoire était effectivement en crise. Selon le juge militaire, sa juridiction a été saisie pour 42 dossiers impliquant 69 éléments des forces de l’ordre, dont 20 détenus et 49 autres en liberté. Il faut rappeler que le président de la République a donné son accord pour le dégel des comptes et la levée de la suspension de solde des militaires qui sont en prison ou en liberté provisoire. Il s’agit d’un acte purement humanitaire, destiné à soulager les souffrances des familles des militaires condamnés, détenus provisoirement ou en attente d’être jugés, en vertu de la loi 74-374 du 24 juillet 1974, selon Ange Bernard Kessy.
Bahi K.
Les propositions d’un criminologue
Pour éradiquer le phénomène des gangs des machettes, l’enseignant-chercheur Dr Ballo Yacouba fait les propositions suivantes : « En guise de pistes de propositions de solutions à ce phénomène de machettes et de microbes qui a besoin d’une antibiothérapie, il faut une approche globale de résolution des problèmes de cette commune, notamment ceux des jeunes qui y résident. Les Abobolais ont le sentiment d’être les oubliés du système. Comment comprendre, par exemple, que depuis la crise postélectorale les feux tricolores et le téléphone fixe ne fonctionnent plus et qu’aucune politique sociale d’insertion et de réinsertion n’ait été effective? En matière de lutte contre la criminalité, il faut le binôme prévention et répression. Cela nécessite une collaboration franche entre forces de l’ordre et populations. Une synergie d’actions devra être menée par tous les acteurs clés de la société civile (les autorités politiques et administratives, les guides religieux, les présidents d’association et Ong, les représentants des syndicats de diverses catégories socioprofessionnelles, etc) pour redorer le blason de la commune d’Abobo. »
B.K.
l’origine de la machette
La danse "Sympa" dans les différents quartiers de Zion, Colombie, BC et Derrière-rails, dans la commune d’Abobo, est à l’origine des affrontements de supporters. Cette danse de réjouissance oppose deux couples qui s’affrontent en dansant et en chantant. C’est le public qui doit décider le vainqueur. C’est de là que commence chaque fois l’affrontement. Comme dans les différents quartiers, le phénomène des agressions à la machette n’a pas épargné le milieu estudiantin. Lors du congrès de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire(Fesci) en 1998, selon le professeur Konaté Yacouba, la machette a été déclinée en verbe. Le "machettage" a intégré officiellement une nomenclature de l’horreur. C’est dire que ce phénomène est endémique en Côte d’Ivoire. Tout le corps social est infecté par ce mal. Le milieu du transport vit aussi sa « guerre » des machettes avec la multitude de syndicats. En réalité, les membres des gangs des machettes n’ont fait que copier les agissements de certains de leurs "vieux pères " qui règlent leurs comptes dans le milieu du transport avec les mêmes armes (les machettes, les gourdins, les couteaux) voire des armes à feu.
B.K.
Le profil du gang à la machette et l’environnement social
Ces jeunes, pour ne pas dire ces délinquants, se font appeler " microbes". Sans être médecin, il est de notoriété publique que le microbe provoque la maladie, qui mal traitée, conduit à la mort. De plus, dans un corps sans défense ou avec une défense affaiblie, les microbes se développent. Il en est de même pour le corps social. Lorsqu’il est malade, la délinquance s’accroît. Pour reprendre à notre compte les mots de Lacassagne Alexandre, « le milieu social est le bouillon de culture de la criminalité ; le microbe, c’est le criminel, un élément qui n’a d’importance que le jour où il trouve le bouillon qui le fait fermenter ». Le bouillon de culture, ici, c'est la commune d’Abobo, c'est-à-dire un milieu de vie offrant les conditions pour le développement du phénomène d’agression à la machette. La commune martyre est, dit-on, la commune la plus peuplée du District d’Abidjan. Le type d’habitat est généralement les cours communes. Hormis certains services de sécurité et voies réhabilités après la crise postélectorale et l’implantation de la nouvelle gare internationale, de nouvelles boulangeries au niveau des deux principaux axes, Abobo a toujours eu le visage de commune dortoir dont l’image est ternie par l’insécurité. Les populations vivent généralement dans des conditions précaires, parfois dans des quartiers aux surnoms évocateurs (Colombie, Ninja, Gotham, Zulu, etc).
B.K.
mardi 3 septembre 2013
Enquête sur le gang a la machette
Abidjan ne dort plus. Il ne passe plus de jour sans que le gang des machettes ne se signale. Le 4 juillet, à Attécoubé, deux gangs rivaux, les microbes et les virus, se sont affrontés à la machette. Bilan : quatre morts et de nombreux blessés. Ce jour-là dans l’après-midi, au quartier Boribana, la tension était vive. Des pneus en feu jonchaient les rues. Des tables obstruaient les voies et des coups de feu se faisaient entendre de part et d’autre dans les ruelles. Des individus non identifiés, machettes en main se livraient à une chasse à l’homme dans les différents couloirs de Boribana. Il a fallu une intervention du Centre de coordination des opérations décisionnelles (Ccdo) pour mettre fin à ces scènes dignes des films d’action hollywoodiens. En effet, les forces de l’ordre ont obligé les badauds à surseoir à leurs actions macabres et à disparaître dans la nature. Même situation, même décor. Le dimanche 18 août à 15h, des individus, armés de couteaux, de machettes et d’autres objets contondants font irruption sur l’esplanade de l’hypermarché Sococé des Deux-Plateau. Ils s’attaquent à toutes les personnes qu’ils rencontrent. Ils arrachent les téléphones portables et autres biens. C’est la psychose totale chez des clients qui arrivent ou qui quittent le parking de la grande surface. Selon des témoins de la scène, les agresseurs sont des jeunes gens dont l’âge varie entre 15 et 22 ans. Ils sont arrivés à bord d’un minicar. Pendant qu’ils sèment la terreur, la police est alertée. Mais, toujours selon des témoins, avant l’arrivée des flics, les malfrats ont eu le temps de se fondre dans la nature. Ils ont fait plusieurs victimes avant de prendre le large. Ces braqueurs, on le constate, ont les mêmes caractéristiques que les gangs à la machette qui sévissent à Abobo depuis des mois : des adolescents très violents qui opèrent en grand nombre, munis d’armes blanches. Après avoir touché tous les quartiers de la commune dirigée par le maire Toungara, le phénomène a atteint Attécoubé, où plusieurs témoins ont déjà dénoncé cette pratique ignoble qui se produit en pleine journée. Jusque-là, on croyait les habitants des quartiers huppés à l’abri de cette forme de criminalité. C’était mal connaître les jeunes gangsters qui viennent de frapper à un endroit névralgique de Cocody.
Abobo ouvre la danse
Le gang des machettes s’est signalé plus d’une fois à Abobo. Pour preuve, Ouattara Sidi Moctar a failli perdre la vie dans la nuit du 23 février dernier à 23 heures. Le professeur de sciences physiques dans un établissement scolaire d’Abobo, a été attaqué par un groupe de 50 jeunes gens armés de machettes et de gourdins. C’est un gang qui sévit depuis quelques mois. Il a mis en place une opération dénommée «Filet». Elle consiste à dépouiller et bastonner tous ceux ou celles qui se trouvent sur leur chemin. Cette nuit-là, après son agression, l’enseignant a eu un doigt sectionné et plusieurs blessures à l’abdomen. Ce redoutable gang est composé de 50 à 200 jeunes gens dont l’âge varie entre 13 et 26 ans. Le chef de la bande armée se nomme Camara Ousmane alias Oussou, 26 ans. «C’est grâce à la volonté de Dieu que j’ai pu m’échapper des mailles du filet. Regardez mon doigt. Ils m’ont bastonné et dépouillé. C’est moi qui ai saisi le commissariat de police du 32ème arrondissement. Avec l’appui du commissaire, les enquêtes ont abouti à l’arrestation du chef de gang Camara Ousmane, de Keita Mohamed Lamine, 13 ans, et de Cissé Ousmane Likané, 17 ans. Ils ont été mis aux arrêts le 6 mars dernier lorsqu’ils préparaient une énième offensive. C’était vers le glacier d’Abobo sur la voie express, en face du collège Iris. C’est sous la clameur populaire que ces voyous ont été conduits au commissariat de police », explique Sidi Moctar qui porte encore les stigmates de ses blessures. L’arrestation de ces malfrats d’un autre genre a déclenché la colère des autres membres du gang. Ceux-ci ont organisé un assaut contre le commissariat en vue de libérer Oussou et les deux autres prévenus. Pour éviter tout débordement, les policiers sécurisent dans un premier temps leurs locaux. Puis ils exfiltrent les détenus pour les conduire au violon du district de police d’Abobo. C’est de là que les trois bandits ont été présentés au procureur de la République près le tribunal d’Abidjan-Plateau. Ils ont été mis sous mandat de dépôt puis condamnés à 20 ans de prison par le tribunal, deux semaines après leur arrestation. Cela n’a pas entamé l’ardeur du groupe qui change immédiatement de tête. Un nouveau chef de gang est nommé en la personne d’un certain Roma. Ce dernier est épaulé par les nommés Abou et Fabrice. Comme Ouattara Sidi Moctar, d’autres citoyens ont aussi été victimes du gang à la machette. Coulibaly Ibrahima a eu moins de chance que le prof. Il a été molesté, dépouillé et abandonné dans une ruelle du sous-quartier Agnisankoi comme un vulgaire voyou. Le gang a emporté ses téléphones portables, sa paire de chaussures Sebago, son porte-monnaie contenant des numéraires et son bracelet fabriqué en argent-blanc. K Romaric, lui, a subi l’assaut lancé par le même gang alors qu’il se trouvait dans un bistrot, non loin de son domicile, à la rue « Gbêlin ». C’était au secteur Château du quartier Avocatier. «Je prenais un verre avec ma voisine. Contre toute attente, un groupe d’une soixantaine de jeunes est passé devant le maquis. Je signale que les rues de notre quartier sont très animées. A première vue, cela ne m’a rien dit. Quelques minutes après, deux individus se détachent du lot et font irruption dans le bistrot avec des seaux en main. Le premier bandit s’est dirigé vers le comptoir où se trouvait le gérant. Le second nous a sommés de déposer tous nos biens dans un des seaux», relate le technicien en bâtiment de 41 ans. Il a été dépouillé de ses deux téléphones portables et de son porte-monnaie contenant de l’argent et sa carte d’identité. Par ailleurs, il ajoute que les truands ne se sont pas contentés de prendre ses biens. Il a été tailladé au bras et à l’épaule droite.
Terrorisée, la population crie au secours
«Les choses sont allées très vite. Surpris par l’attaque, je ne voulais pas donner ce qu’il (son agresseur) réclamait. C’est ainsi qu’il m’a tapé avec sa machette», ajoute Romaric. Selon lui, après leur forfait, les deux individus l’ont laissé dans une mare de sang. Ils sont ressortis du bistrot sans être inquiétés. Le groupe est soutenu par des jeunes filles membres du gang. Elles scandent : «Guerriers ! Guerriers !»
Traoré Salif a eu, lui aussi, la malchance de se retrouver sur le chemin de ces gangsters qui sèment la désolation depuis le mois d’octobre 2012. Il nous explique que le gang a vidé la caisse de sa boutique. D’après lui, il a emporté la somme de 200.000 Fcfa en plus de deux sacs de riz et diverses marchandises. « Ils sont entrés de force dans mon magasin. Ils ont pris ce qu’ils pouvaient prendre. Je ne m’y suis pas opposé au risque d’être agressé ou tué», affirme-t-il. Le commerçant est d’autant plus inquiet car, poursuit-il, les braquages montent en puissance. «Nous avons porté plainte au commissariat de police du 32ème arrondissement. Une enquête a été ouverte pour donner une suite à mon agression», confie le boutiquier. Derrière-rails, un autre sous-quartier de la commune martyre. T Ousmane, commerçant, en a fait les frais pour la seconde fois. Il nous montre les cicatrices de ses blessures à la tête et à la hanche. La victime raconte qu’en début d’après-midi du 15 janvier dernier, une vingtaine d’individus armés de machettes se sont introduits dans son magasin. Ousmane précise qu’il devait passer une commande de 10 tonnes de riz. « Quand ils sont arrivés, je venais de préparer une enveloppe de 5 millions Fcfa pour une commande. Très excités, ils m’ont roué de coups. J’ai été tailladé par ces individus», se lamente-il.
Comment le gang des machettes opère
Pour commettre leurs forfaits, ces jeunes sèment la terreur en se constituant en bande armée. Munis de gourdins, de machettes, ils occupent les rues en simulant des bagarres entre eux et agressent les passants et les commerçants. Au dire d’une victime, « ils ravagent tout sur leurs passages ; les gens courent dans tous les sens pour entrer dans une habitation pour s’y abriter ». Au-delà des atteintes aux biens notamment les portables, l’argent, les victimes sont parfois gravement blessées.
Le cdt Jah Gao en guerre contre le gang des machettes
Le commandant Gaoussou Koné dit Jah Gao a déclaré la guerre aux gangs des machettes. Le patron des Forces républicaines de Côte d’Ivoire(Frci) basées au camp commando d’Abobo a mis en place, depuis quelques jours, une unité spéciale pour traquer et anéantir les différents gangs qui sèment la terreur dans les quartiers de la commune d’Abobo. « Il est vrai que c’est le rôle de la police et de la gendarmerie d’assurer la sécurité. Mais lorsque nous sommes sollicités, nous réagissons. Le problème, c’est que nous ne sommes pas habilités à conduire des procédures lorsque ces gangsters sont arrêtés. Cependant, nous ne pouvons pas rester les bras croisés. Ainsi, nous avons identifié les zones rouges, c'est-à-dire les quartiers où les gangs des machettes opèrent. Des éléments ont été repositionnés à ces endroits. C’est une force en attente qui se déploie dès qu’il y a une situation », nous a expliqué l’officier supérieur. Selon lui, ces actions ont déjà porté des fruits car plusieurs gangs ont été démantelés. Les malfrats, dont l’âge varie entre 15 et 22 ans, ont été arrêtés et déférés au parquet d’Abidjan. « Nous sommes prêts à démanteler ces gangs. Mais nous avons besoin de l’accompagnement de la police et de la gendarmerie dans l’ouverture des procédures et des auditions des prévenus. Nous avons informé le commandant des forces terrestres du phénomène des machettes. Il a indiqué que les autorités en charge de la sécurité intérieure doivent jouer leur partition en encadrant nos actions. C’est la difficulté à laquelle nous sommes confrontés », a-t-il ajouté avant d’indiquer qu’il y a un lien direct entre ce fléau et la présence de fumoirs de drogue. Pour joindre l’acte à la parole, le cdt Jah Gao a dressé la cartographie des fumoirs de drogue qui pullulent dans les coins et recoins de la commune d’Abobo. Ainsi, hier, ses éléments ont détruit six fumoirs et ont saisi 20 kilogrammes de cannabis. «Les membres des gangs des machettes sont des drogués. Lorsque nous les arrêtons, on retrouve en leur possession de la drogue. Ils fument la drogue avant d’opérer. Donc, l’une de nos stratégies consiste à détruire ces fumoirs de drogue. Nous avons fait le travail mais là encore il faut que la police et la gendarmerie prennent leur place. Faut-il rappeler que notre mission est la défense du territoire national. La sécurité intérieure est du ressort de la police appuyée par la gendarmerie. Nous n’intervenons qu’en dernier ressort», a rappelé le patron des Frci du camp commando d’Abobo.
Bahi K.
jeudi 22 août 2013
Le cdt Gaoussou Koné alias Jah Gao : «Nous allons désarmer de force les ex-combattants à Abobo»
Le commandant du camp commando d'Abobo prévient qu’à la fin de l’opération du dépôt volontaire d’armes, tous les ex-combattants qui ne se plieront pas aux instructions seront désarmés de force.
Qu'est-ce qui est à l'origine de la colère des ex-combattants logés dans les résidences universitaires?
Nous sommes en train de faire un travail propre. Il est question de voir au sein du camp qui y loge et qui fait quoi ? Je suis en train de récupérer toutes les armes. Je ne veux plus voir un élément en arme en ville. Je ne veux plus voir un élément qui tient une arme chez lui à la maison. C'est ce travail que je suis en train de faire. Je suis en train de faire un recensement : l'élément dépose son arme, on prend son identité. En face de son nom, je mets le numéro de son arme qu'il a déposé. Sans oublier de prendre son contact téléphonique. Je suis en train de mettre en place un magasin d'armes. Nous sommes passés dans toutes chambres occupées par les éléments pour voir qui est là et qui fait quoi. Nous sommes dans la normalité maintenant. Il faut que les choses soient normales : plus d'armes dans les rues, à Abobo. Nos hommes que vous allez voir en arme en ville, c'est qu'ils sont de service. Toutes les armes seront stockées dans le magasin d'armes. Ceux qui vont prendre le service, on va leur donner les armes pour travailler. Ils vont faire la patrouille et ils reviennent le lendemain matin déposer les armes qu'on leur a remises la veille. Plus d'armes à la maison, plus d'armes dans les rues. C’est ce travail que je suis en train de faire.
Peut-on affirmer que c'est cela qui explique leur colère ?
Ceux qui parlent ou qui grognent, ce sont des éléments qui n'ont pas participé aux combats. Ils ne savent même pas tenir une arme à feu. Mais nous n'allons pas céder à cela; nous sommes habitués à ce genre de situations.
Est-ce que vous avez identifié ces éléments en colère ?
On ne peut pas les identifier. Moi, je connais ceux qui ont combattu à Abobo lors de la crise postélectorale. Je connais les combattants. Ceux qui s'agitent, ce sont de gens qui veulent se promener avec les armes en ville pour agresser les honnêtes citoyens. Donc, l'opération de dépôt d'armes ne les arrange pas. Quand l'Addr (Autorité pour le désarmement, la démobilisation et la réintégration, ndlr) lance l'opération de dépôt d'armes, les éléments n'envoient que les armes défectueuses. Ils gardent à la maison, les armes fonctionnelles, c'est-à-dire les vraies armes.
A quoi obéit cette opération ?
Je vous disais tout à l'heure qu'on ne veut plus voir d'éléments en armes. Moi-même, je suis commandant, mais je ne détiens pas une arme chez moi à la maison. L'armement d'Abobo doit être stocké dans un magasin d'armes. Mais ce n'est pas nouveau, l'opération que nous sommes en train de faire. Il y a longtemps que le chef d'état-major nous avait demandé de lancer l'opération de dépôt d'arme. Et c'est ce que nous faisons.
Mais ce n'est pas votre rôle du désarmer. C'est plutôt l'Addr qui doit le faire !
Vous pensez que l'Addr peut désarmer aussi facilement?
Pourquoi l'Addr ne peut pas désarmer, selon vous ?
Il y a bien longtemps que l'opération de désarmement a commencé. Pour ça piétine ? Au niveau d'Abobo, je suis en train de mettre en place mon organisation, de sorte que toutes les armes d'Abobo soient stockées dans le magasin. Mais l'Addr ne peut pas prendre toutes ces armes. Nous avons besoin des armes pour travailler.
Comment allez-vous procédé pour récupérer effectivement toutes les armes cachées ?
C'est au cours des opérations lancées par l'Addr que les éléments ne présentent pas leurs vraies armes. Prenons un cas pratique. Sur cette liste (il nous la montre, ndlr), vous avez Diarrassouba Lamine. En face de son nom, il est marqué son numéro de profilage; le numéro de l'arme qu'il a déposé et son contact téléphonique. C'est ce travail que je suis en train de faire. Tous ceux-là ont des armes. Mais ils ne peuvent les garder sur eux. Il faut que les armes soient stockées dans un seul endroit.
Et s'ils refusent de déposer les armes. Qu'est-ce que vous allez faire ?
Ils ne peuvent pas refuser. Ils sont obligés de déposer leurs armes. Parce que je leur ai dit que pour que votre nom soit sur la liste des ex-combattants d'Abobo, il faut venir déposer les armes. Il y a des éléments qui sont venus de Bingerville pour déposer leurs armes. On leur a dit de patienter pour un court moment, le temps pour nous d'achever l'installation de la poudrière. Cela va se faire cette semaine. Vu l'affluence, nous avons fait un programme. Il y avait plusieurs groupes de combattants à Abobo. On va les regrouper en cinq compagnies. Pour la première compagnie dirigée par Coulibaly Sindou elle est composée des groupes tels que Fara, 14ème, 007, Hamed Dca, T, Palestine et De Gaulle. Donc tous ces petits groupes forment un seul bloc qui la première, compagnie dirigée par un chef. Quand je prends la dexuième compagnie, il y a Gaza, Sniper, 34ème, Ccra, Udis ...Elle est dirigée par Kouma Moritchè. La troisième compagnie est dirigée par Diarrassouba Broulaye. Elle regroupe Kossovo, Scorpion, Lougarou, Choco, Lion. Ensuite de suite. Donc, c'est ce travail que nous sommes en train de faire. On a établi un chronogramme de dépôt d'armes pour ces différentes compagnies. A partir du 27 août prochain, on commence avec la première compagnie qui est commandée par Coulibaly Sindou. A la fin de l'opération, il signe pour dire que les éléments qui composent sa compagnie ont tous déposé leurs armes. Nous avons son contact téléphonique. Il indique le nombre et le type d'armes déposées. On a recensé 302 chambres occupées par 376 éléments. Ceux qui son en colère, ce sont des gens qui n'ont jamais participé aux combats. Quand l'Addr nous donne un quota, alors nous partageons de façon équitable les places disponibles. On nous dit par exemple : « Abobo, vous avez trente places ». Je convoque les différents chefs de compagnie. Je ne connais pas les éléments. Moi, j'ai affaire aux chefs. Je leur dit qu'il y a trente places pour cinq compagnies. On divise le nombre de places par le nombre de compagnies. Je leur demande de me donner la liste de leurs hommes. Lorsque je reçois la liste, alors je la dépose auprès de l'Addr.
Selon nos sources, vous êtes en train de chasser des ex-combattants des cités universitaires au profit d'élèves et d'étudiants. Est-ce le début du déguerpissement?
Quels élèves (rires).
Les jeunes qui sont encore sur les bancs d'école
Dans un camp militaire, loger des élèves, ce n'est pas possible. C'est une information erronée. Ce sont les militaires qui sont logés dans ces chambres. C'est pour amener les gens à déposer leurs armes. Nous sommes en train de préparer la libération de la cité universitaire; elle appartient aux étudiants. Ce n'est pas un camp militaire. Du jour au lendemain, on peut dire qu'on va réhabiliter la cité pour faciliter le retour des étudiants. On fait comment ? On doit préparer nos hommes à cela. Sinon, on risque de créer un autre problème.
Qui sont les gens qui logent dans les chambres des cités universitaires?
On est en train de faire un recensement chambre après chambre, pour voir qui est là et qui fait quoi.
Est-ce que vous savez maintenant qui sont dans ces chambres ?
On le sait. Ce sont des militaires qui occupent les chambres. C'est eux même qui créent ces problèmes. Parce qu'il y a certains éléments qui ont logé des vendeurs de moutons. Ces personnes-là n'ont rien à faire dans un camp militaire. C'est au cours des opérations de recensement que nous avons découvert cela. Il se trouve que ces personnes sont logées avec la complicité de certains éléments. Ils disent que ce sont leurs frères. On leur demande tout simplement de quitter la cité, c'est du n'importe quoi ; il faut assainir. Certains éléments mettent en location leur chambre comme les étudiants le faisaient dans le temps. Ils vendent aussi l'électricité aux gérants de kiosque à café. Donc, vous comprenez pourquoi ces éléments sont mécontents, c'est à cause de ce genre de comportements. Mais nous, on ne va pas céder à ces grincements de dents. Lorsque l'opération de dépôt volontaire d'arme va prendre fin, celui qu'on va voir avec une arme dehors, il devra s'expliquer.
Qu’est-ce que vous voulez dire exactement ?
On va mettre la personne en prison pour détention illégale d'arme à feu et d'arme de guerre. Il y a un moment de flottement. Aujourd’hui, nous sommes dans la normalité. Moi-même qui est suis commandant, je ne détiens pas d'arme à feu à la maison.
Est-ce qu'on peut dire que vous avez pris le taureau par les cornes?
Depuis longtemps, nous faisons ce travail. Nous avons réussi à regrouper les petits groupes de combattants dans des compagnies pour former des blocs homogènes. Elles sont dirigées par des chefs qui nous connaissons très bien. C'est un travail progressif. Il vaut mieux déposer tranquillement son arme, au lieu de se faire humilier devant sa famille. Nous allons passer à une étape supérieure. Vous déposez tranquillement votre arme ou bien vous déposez de force. J'ai les hommes et les moyens pour désarmer de force.
Réalisée par Bahi K.
Ouattara saisi
Visiblement effrayé par l’hyper-implication personnelle de son ministre de tutelle dans les opérations d’achat de terrains, le directeur de l’Agef a décidé de prendre à témoin le chef de l’Etat quant aux sorties d’argent qui lui ont été demandées par Sanogo Mamadou. On se souvient que lors du règlement de scandales passés, des ministres convoqués avec leurs directeurs dans le bureau d’Alassane Ouattara, ont nié l’existence des procédures ou opérations mises en cause et exécutées à leur demande, rejetant toute la responsabilité sur les exécutants. C’est dans de telles conditions que serait survenu le limogeage d’un directeur administratif et financier qui a fait couler beaucoup d’ancre et de salive en son temps. Pour se mettre à l’abri de toute éventualité, Coulibaly Lamine a donc adressé, à la date du 22 juillet 2013, le courrier N/Réf 00001010 /AGEF/DAJC/BKV/2013 (voir facsimilé), au ministre Amadou Gon Coulibaly, secrétaire général de la présidence de la République pour « l’informer, à toutes fins utiles », de tous les décaissements. « Dans le cadre de la constitution des réserves foncières pour la réalisation du programme présidentiel de logements économiques et sociaux, l’Agef a été sollicitée par le ministre de la Construction, du logement, de l’assainissement et de l’urbanisme (Mclau) en vue de certains paiements », annonce d’entrée cette lettre, qui dresse ensuite un rapport chiffré des décaissements ordonnés par la tutelle. « La somme globale de deux cent trente trois millions quarante et un mille quatre cent un francs CFA pour les géomètres experts agréés commis aux fins de réaliser des études topographiques sur les parcelles identifiées dans le District d’Abidjan et à l’intérieur du pays ; la somme globale de deux cent vingt millions de Francs CFA, représentant les indemnités de purge de droits coutumiers pour la construction en réserves foncières de quatre cents hectares situés à Songon Kassemblé, quarante hectares, quatre ares et dix-sept centiares de terrains sis à Adjamé-Bingerville, et quatre vingt et un hectares, six ares, soixante treize centiares sis à Modeste (Grand-Bassam). Nous avons tenté, sans succès, d’entrer en contact le DG afin qu’il nous en dise davantage.
Après les turbulences constatées entre la Société ivoirienne de construction et de gestion immobilière (Sicogi), et le ministère de la Construction à la clôture des inscriptions des demandeurs aux logements sociaux, un nouveau dysfonctionnement ne contribuerait qu’à alimenter le doute déjà présent dans l’esprit des souscripteurs. A cet effet, il convient de recadrer le projet en mettant en place un cadre juridique et un organigramme répartissant les tâches et un organe de suivi indépendant du cabinet ministériel ayant pour mission la coordination, la supervision et la régulation. Cette autre affaire peut mettre à mal le projet de logements sociaux si cher au président de la République, et très attendu par les populations économiquement faibles.
BK
Le scandale !
Achat des terres
C’est l’imbroglio total autour des parcelles devant accueillir le projet de logements sociaux sur la route de Grand-Bassam. Pendant que deux communautés se disputent la propriété des terres, un conflit naît entre le ministre de tutelle et l’Agence de gestion foncière (Agef).
Les 81 hectares de terrains cédés à l’Etat de Côte d’Ivoire par le village de Modeste, dans la commune de Grand-Bassam, sont au centre d’un scandale financier. Nanan Kanga Assoumou, roi des Abouré Ehé de Grand-Bassam, est opposé au ministre de la Construction, de l’urbanisme, de l’habitat et du logement, Sanogo Mamadou. Dans le courrier n°2894/MCUAU/CAB/SPAPF/TM/KCM en date du 19 juillet 2013 signé par Benoît Guihy, directeur de cabinet, le ministre a donné instruction au directeur général de l’Agence de gestion foncière (Agef), de libeller en urgence, trois chèques d’un montant total de 200 millions Fcfa pour le règlement de la caution de réservation des parcelles obtenues auprès des communautés villageoises de Songon Kassemblé, d’Adjamé-Bingerville et de Modeste, en vue de la réalisation du programme des 60.000 logements. Ce montant est réparti comme suit : communauté villageoise de Songon Kassemblé : 100 millions F; communauté villageoise d’Adjamé-Bingerville : 60 millions F; communauté villageoise de Modeste : 40 millions F. Un second courrier enregistré sous le numéro 207/ MCUAU/CAB/SPAPF/TM, en date du 22 juillet 2013, confirmait la réception par le cabinet ministériel des chèques au nom de la communauté villageoise de Songon Kassemblé et d’Adjamé-Bingerville de valeurs respectives de 100 millions F et de 60 millions F. Concernant le chèque de la communauté villageoise de Modeste, ce courrier signé de Traoré Mefoua, chef du service de la Promotion de l’acquisition à la propriété foncière, invitait le Dg de l’Agef, sur instruction de Sanogo Mamadou, à libeller un chèque d’un montant de 60 millions F au lieu de 40 millions F, initialement prévus pour la communauté villageoise de Modeste. Les investigations du côté de la communauté villageoise de Modeste, ont permis de comprendre qu’il revient de façon récurrente que le chef du village, Ahoua Konin Simon, aurait affirmé avoir reçu effectivement un chèque d’un montant de 60 millions F, mais qu’il ne devait conserver que la somme de 30 millions F au nom et pour le compte de la communauté villageoise qu’il représente.
Les retro-commissions du ministère
D’après nos interlocuteurs, au ministère de la Construction et dans la communauté villageoise de Modeste, la différence d’un montant de 30 millions F aurait été rétrocédée à certains membres du cabinet ministériel à titre de retro-commission. Cela, après que ces personnes, membres du cabinet ministériel ont promis offrir des logements au chef du village et à certains de ses notables. Il ressort que l’Agef, soucieuse de la réussite du projet présidentiel, a dégagé les moyens sollicités par le ministère de la Construction, du logement, de l’assainissement et de l’urbanisme, en mettant à sa disposition les trois chèques d’une valeur totale de 220 millions F, conformément aux instructions du ministre Sanogo qui a, lui-même, dirigé les négociations et conclu la transaction. Une démarche jugée anormale et suspecte. « Le fait pour monsieur le ministre de se charger personnellement de cette tâche dévolue initialement à l’Agef donne droit à des interrogations pouvant confirmer les affirmations des différentes personnes rencontrées au cours de nos investigations », a soutenu l’un de nos interlocuteurs.
mercredi 21 août 2013
Grande banditisme
Cocody-Deux Plateaux
Le gang à la machette attaque à Sococe
Des jeunes armés de machettes ont agressé des clients, hier après-midi, sur l’esplanade du magasin Sococe, à Cocody Deux-Plateaux.
Scène spectaculaire hier, au parking du supermarché Sococe. En plein après-midi, précisément vers 15 heures, des individus armés de couteaux, de machettes et autres objets contondants, font irruption sur l’esplanade du centre commercial. Ils s’attaquent à toutes les personnes qu’ils rencontrent, arrachant téléphones portables, porte-monnaie et d’autres biens. C’est la psychose totale chez des clients qui arrivent ou qui quittent le parking de la grande surface. Selon des témoins de la scène, les agresseurs sont des jeunes gens dont l’âge varie entre 15 et 22 ans. Ils sont arrivés à bord d’un minicar. Pendant qu’ils sèment la terreur, la police est alertée. Mais, toujours selon des témoins, avant l’arrivée des flics, les malfrats ont eu le temps de se fondre dans la nature. Ils ont fait plusieurs victimes avant de prendre la fuite. Ces braqueurs, on le voit, ont les mêmes caractéristiques que les gangs à la machette qui sévissent à Abobo depuis des mois : des adolescents très violents qui opèrent en grand nombre, munis d’armes blanches. Après avoir touché tous les quartiers de la commune dirigée par le maire Toungara, le phénomène a atteint Attécoubé, où plusieurs témoins ont déjà dénoncé cette pratique ignoble qui se produit en pleine journée. Jusque-là, on croyait les habitants des quartiers huppés à l’abri de cette forme de criminalité. C’était mal connaître les jeunes gangsters qui viennent de frapper à un endroit névralgique de Cocody. Seuls des militaires ont, pour le moment, réussi à appréhender certains d’entre eux. Début juillet, les hommes du cdt Koné Gaoussou dit Jah Gaho ont arrêté dix individus en pleine opération, non loin de la mairie d’Abobo, et à Avocatiers. Il s’agit de Diabaté Abou, 15 ans, résidant au quartier Marley ; de Cissé Daouda, 15 ans, résidant à Sagbé, élève en classe de 3ème au collège notre Dame de secours ; de Sangaré Mamadou, 15 ans, habitant à Sagbé, apprenti-chauffeur ; de Diabaté Moussa, 15 ans, résidant à Marley, apprenti-chauffeur ; de Bamba Mohamed, 22 ans, résidant à Derrière-rail ; de Diakité Momed,18 ans, électricien-auto à la casse d’Abobo ; de Nakanbo Salif, 26 ans, mécanicien, résidant au Dokui ; de Doumbia Souleymane, 18 ans, tôlier, résidant à Derrière-rail et de Sidibé Seydou, 25 ans, chauffeur et habitant à Derrière-rail. Ils ont été jugés et condamnés, chacun, à 20 ans de prison ferme par le tribunal d’Abidjan-Plateau.
Bahi K.
Enquete sur la mendité en Cote d'Ivoire
Professeur Gueu Denis, socio-criminologue :
«Des chefs d’Etat profitent des mendiants »
Selon Pr. Gueu Denis, enseignant-chercheur à l’Unité de recherche et de formation (Ufr) de criminologie de l’université Félix Houphouet-Boigny, la mendicité est un réseau bien organisé dont l’argent profite à certains Présidents africains.
Quelles sont les raisons de la mendicité ?
Les raisons de la mendicité sont diverses. Il y a des raisons purement culturelles. Dans nos communautés religieuses ; il y a des aspects qui pourraient encourager la mendicité tels que les aumônes tant chez les musulmans que chez les chrétiens. Ce qui fait que vous allez voir les églises et les mosquées remplies de nécessiteux. Ils ne viennent pas forcément à la conquête du Seigneur mais pour se faire aider. Il y a d'abord ce côté culturel qui s'étend. Ayant fait des recherches, il existe à Agboville, un quartier des mendiants. Il est situé derrière les rails au niveau du quartier Sokoura. Lors de ma thèse de doctorat, je me suis rendu là-bas. J'ai posé la question de savoir pourquoi il peut avoir un quartier de mendiants. Les gens m'ont répondu qu'il y a des ethnies au Burkina Faso qui ont pour culture la mendicité. C'est-à-dire que c'est leur origine. Certaines de ces ethnies sont également au Mali et au Niger. Donc mendier chez ces ethnies-là n'est pas une infraction, c'est plutôt quelque chose de normal. En sociologie, ce qui est normal pour une société donnée peut être pathologique pour une autre. Au moment où la Côte d'Ivoire prend des décisions, ceux qui sont habitués à une telle mentalité se disent que c'est une aberration parce que pour eux, il est normal qu'une personne puisse mendier. C'est ce que nous appelons l'aspect culturel. En dehors de cette raison, il y a des aspects d'ordre économique. Ceux qui sont attachés à ces raisons d'ordre économique, ce sont ceux-là qu'on appelle les faux mendiants. Des femmes qui ne sont pas malades s'arrêtent dans les carrefours pour mendier. C'est la recherche du gain facile; il y a aussi une raison d'ordre physique qui est lié à l'état de santé de certaines personnes. Il s'agit des handicapés moteurs parce qu'elles ont été victimes de la poliomyélite; il y a les aveugles aussi. Ces mendiants viennent parfois du Niger ; ils quémandent dans les différents carrefours. Il faut dire que parmi les mendiants en Côte d'Ivoire, il y a un taux élevé de ressortissants du Niger. La plupart sont des personnes de l'ethnie haoussa. J'ai parcouru les rues d'Adjamé; j’ai constaté que c'était des jeunes Haoussa.
Est-ce que la mendicité est liée à la pauvreté ?
La mendicité n'est pas liée à la pauvreté. Quand nous faisons des recherches en criminologie, et surtout en sociologie, on ne les lie jamais - c'est une mauvaise analyse- un phénomène social à la pauvreté. Il y a eu certes la crise en Côte d'Ivoire, mais tous les pauvres ne sont pas mendiants pour autant. En plus, la religion chrétienne et musulmane condamnent la mendicité. Nous avons échangé avec plusieurs imams des différentes mosquées, à travers la ville d'Abidjan. Ces guides religieux m'ont dit que le prophète de l'Islam chassait les mendiants aux alentours des mosquées. Donc la mendicité ne peut pas être liée à la pauvreté.
Et pourtant, le phénomène perdure à tel enseigne que le gouvernement a pris des mesures !
Le phénomène se multiplie parce que quand une personne fait quelque chose, son voisin veut aussi faire la même chose. Il y a une sorte d'imitation qui s'installe car les mendiants à Abidjan, se trouvaient autour des mosquées et des carrefours. Mais depuis un certains temps, vous avez remarqué qu'il y a des ethnies qui n'étaient pas impliquées dans la mendicité comme le Bété, le Dida, les groupes ethniques de l'ouest ivoirien, mais si vous arrivez au carrefour de l'école de police à Cocody, toutes les femmes qui sont là ce sont des Bété, des Dida, qui mendient à ce carrefour. Donc, il y a une sorte d'imitation.
Est-ce à dire qu'il y a des motivations financières ?
Le nœud du problème c'est l'argent. Mais cette recherche d'argent est aussi motivée par la paresse. Une femme peut aller faire ses galettes pour les vendre et se faire de l’argent. Elle peut vendre des arachides et se faire de l'argent. J'ai une camarade qui est fondée de pouvoir, mais sa mère était servante. Et c'est grâce à cet argent qu'elle a scolarisé sa fille qui est aujourd'hui fondée de pouvoir à Dabou. C'est une fuite du travail, la culture de la paresse et la cherche du gain facile.
Est-ce qu'être handicapé doit conduire à la mendicité ?
Non. En amont, le problème de fond, c'est la paresse. Un handicapé peut faire quelque chose. Il peut apprendre un métier. A Yopougon, on a vu des gens qui ne voient pas mais qui peuvent tresser. Pour ceux qui mendient, il n’y a pas cette motivation de gagner son pain à la sueur de son front. La véritable problématique de la mendicité, ce sont des gens qui fuient l'effort.
Quels sont les facteurs qui favorisent la mendicité ?
Les éléments qui favorisent la mendicité, ce sont entre autres la zakat en Islam. C'est-à-dire que le fait d'aider quelqu'un qui est dans la souffrance, c'est une œuvre de bonne foi. Celui qui donne, il le fait de bonne foi. Mais celui qui reçoit, il pense que c'est un droit. Du coup, ceux qui n'ont pas fait d'études sur la mendicité, ils diront automatiquement que c'est autour des mosquées et des églises que se trouvent les mendiants. Or, en réalité, les imams et les pasteurs font des efforts pour ne pas encourager ces personnes à pratiquer la mendicité. Cependant, quelque part il y a un lien qui encourage certains. Quand je faisais mes études, j'étais à la grande mosquée d'Adjamé. Des personnes arrivent avec des sacs de riz pour donner aux mendiants. Ce qu'on doit comprendre concernant la mendicité, c’est que, que ce soit au Sénégal au Mali, il y a une sorte de dilemme concernant les talibés (ceux qui apprennent le coran et qui mendient, ndlr). Au cours des cérémonies, ils font des incantations. Du coup, ils sont importants lorsqu'il y un deuil ou un mariage. Cette importance est mal utilisée, car il y a des gens qui font également des sacrifices, en leur faisant des offrandes. Ce sont des paramètres que je qualifie de souterrains. Il y a un autre élément dans la mendicité que les gens ne peuvent pas voir ; c'est qu’il y a une sorte de congrégation.
Qu’est-ce que cela signifie exactement?
Les mendiants que vous voyez à Adjamé sont soutenus par ces congrégations. Il y a des mendiants qu'on prend, le matin, dans de grosses cylindrées pour les déposer devant les mosquées. Les fruits de la mendicité soutiennent certains chefs d'Etat en Afrique dont je ne citerai pas les noms. Donc, la mendicité est un réseau. Il y a l'aspect qu'on voit. Elle est comme la prostitution; l'homosexualité et le terrorisme. Ce que nous voyons n'est pas la vraie découverte de la mendicité. Lorsqu'on fait des études approfondies, on comprend que la mendicité est un réseau. Les enfants qu'on voit et qui guident les gens ce sont des gamins qu'on est allé chercher au village pour dire aux parents, votre enfant va rester chez moi. Mais après, il y a des réseaux de commerce de ces enfants vers l'Europe.
Comment se manifeste le soutien des mendiants aux chefs d'Etat africains dont vous ne voulez pas citer les noms ?
Ce qui atteste ce soutien, c’est le témoignage édifiant sur deux enfants que je connais très bien, quand j'étais à Abobo. Ils ont été volés et envoûtés par leurs ravisseurs. Ces enfants ont oublié leurs parents et mendiaient dans les rues d'Adjamé pendant près de deux ans. Pour les parents, leurs enfants sont morts. La mère de l'un des enfants est allée se confier à des hommes de Dieu ; ils ont prié pour elle. Un jour, le fils de la dame se présente à la maison; l'enfant dira que c'est un jour qu’ il s’est souvenu qu'il a ses parents à Akéikoi (Abobo, ndlr). Il a demandé à son ami de fuir. Et ce dernier a répondu pour dire que s'ils fuyaient, alors leurs ravisseurs allaient les tuer. Quant ils mendiaient, ils partaient donner l'argent à une autre personne. Ce sont des réseaux qui sont difficiles à découvrir, car c'est très astucieux. C'est une criminalité organisée.
Est-il possible d'avoir un jour une société sans mendiant ?
Cela est possible.
A quelle condition ?
Elle est d'abord une condition sociale. Le problème de la mendicité n'est pas une répression systématique. Cela ne peut pas résoudre le problème de la mendicité. C’est comme quelqu'un qui est habitué à la cigarette. Un matin, vous lui dites de ne plus fumer. Il va vous considérer comme son ennemi. Si Le président de la République et son gouvernement prennent la résolution d'interdire systématiquement la mendicité, alors les mendiants vont le prendre pour le diable. La manière la plus correcte en tant qu'enseignant-chercheur, pour lutter contre la mendicité, il faut s'attaquer au problème des enfants de la rue.
En quoi faisant ?
Il faut créer des structures de prise en charge des enfants de la rue comme ce que le Bice (Bureau internationale catholique pour l’enfance, ndlr) a fait. A Adjamé; il y a un centre d'écoute. Ces enfants sont récupérés et encadrés par des éducateurs. Il faut faire la pêche de ces enfants qui sont des ramasseurs de bagages, des coxers. Il faut aller à leur conquête. Il faut associer les psychologues, les criminologues, pour donner une bonne image à ces gamins. Ils vont apprendre de petits métiers. La seconde étape c'est une sensibilisation. Très souvent, des gens qui ont fait des jumeaux ou des triplés, comme si la société leur doit quelque chose, on expose les jumeaux. Ça demande une sensibilisation dans les mosquées et dans les églises. Ce qu'il faut préciser, la mendicité est une malédiction. Celui qui ne vit que du fruit de la mendicité, il est maudit. Cet argent ne peut pas lui donner quelque chose. Si les hommes de Dieu qui sont des guides enseignent que la mendicité est la malédiction et que l'enfant qu'on expose pour qu’on lui donne de l'argent, on est en train de lui apprendre la mendicité, les concernés prendront conscience. Il faut sensibiliser dans nos églises et dans nos mosquées. Le troisième élément consiste à trouver une solution gouvernementale à la prise en charge des handicapés moteurs c'est-à-dire les personnes qui ont perdu l'usage de leurs bras et de leurs pieds. Il faut qu'il y ait un grand centre ici à Abidjan et à l'intérieur du pays, pour la prise en charge des handicapés moteurs, pour leur apprendre de petits métiers quels que soit leurs handicaps. Concernant les faux mendiants, on doit les chasser ou bien les poursuivre devant les juridictions ; il n'y a pas d'alternative pour eux.
Est-ce que mendier constitue une infraction ?
Toutes les infractions ne sont pas reconnues pas le code pénal. Pour qu'il y ait infraction, en terme pénal, il faut trois éléments: l'élément matériel; l'élément moral et l'élément psychologique. C'est-à-dire, il faut qu’il commette une soustraction frauduleuse du bien d’autrui ; ce qui n’est pas le cas de celui qui mendie. C'est même de façon consentante que les gens donnent aux mendiants. Il est difficile de classer la mendicité dans le cas des infractions. Le code pénal ivoirien qui a été copié sur le modèle de celui de la France qu'on appelle le code de Napoléon, est dépassé. Pour les faux mendiants, l'Etat doit aller plus loin en revoyant la copie du code pénal. La mendicité et la cybercriminalité sont des actes qui se ressemblent. Cela n'a pas été prévu par la loi ivoirienne. Du coup, nos gouvernants sont dans une situation de confusion. Ça n'existe pas dans le code pénal. Ça ne remplit pas toutes les conditions pour qu'elle constitue une infraction.
Réalisées par Bahi K.
mardi 13 août 2013
Agboville , A la découverte du quartier créé par des mendiants
Dans la ville d’Agboville, un quartier créé par des mendiants suscite la curiosité. Notre équipe de reportage s’est rendue dans cette partie de la capitale de l’Agneby.
Il est 11h, lorsque nous quittons Abidjan ce dimanche. Direction Agboville, chef-lieu de région de l’Agnéby-Tiassa, situé à 79 kilomètres de la capitale économique ivoirienne. Après une heure de route, nous foulons le sol de ce département de plus de 54.865 habitants. Une escale est faite à la base des Forces républicaines de Côte d’Ivoire(Frci) pour signaler notre présence aux autorités militaires. Sous les ordres du chef de sécurité, un soldat du nom de Berthé Amadou, nous sert de guide. Berthé croit savoir que les mendiants se trouvent devant l’ancienne mosquée, dans le quartier Haoussabougou, c'est-à-dire le quartier des Haoussa, en langue malinké. Sur les lieux, force est de constater qu’en lieu et place de mendiants, ce sont des vieillards qui sont assis à l’intérieur de la mosquée. Ces derniers qui disent ne pas être des gueux indiquent un autre endroit situé vers Sokoura, avant les rails, où ceux-ci se trouvent. Le cap est mis sur ce quartier appelé Missirimambougou, qui signifie le quartier des mendiants en langue malinké. Après dix minutes de route, nous arrivons à Sokoura. La voie est difficile d’accès. Nous devons marcher sur au moins 800 mètres pour avoir accès à «Missirimambougou». De là, il faut emprunter une piste qui mène à notre destination, selon les indications de Sako Abdoulaye, l’imam de la mosquée du quartier «Missirimambougou» que nous croisons en route. La première impression que laisse ce quartier peu ordinaire de la ville d’Agboville, ce sont ses maisons entièrement construites en banco, tout comme la mosquée. Des enfants, torse nu s’amusent et courent dans tous les sens. Ici, l’eau courante et l’électricité sont inexistantes. Des toilettes de fortune construites çà et là dénotent l’ampleur de la pauvreté qui règne dans cet endroit. Ce jour-là, un groupe de femmes, certainement curieuses de voir cette présence étrangère sur leurs terres, décoche des salutations en malinké, pour briser vraisemblablement la méfiance. Celles-ci indiquent, après les moments de civilités, que ce quartier a bel et bien été fondé par des personnes qui faisaient la manche. Sako Abdoulaye qui arrive à notre niveau se montre plus bienveillant. « Venez, le vieil homme est par ici », renseigne-t-il. Sur ce, il nous conduit chez Séré Youssouf, le chef de quartier. C’est un homme de 64 ans, épuisé par le poids de l’âge et certainement par ses activités. Le vieil homme barbu, un bonnet blanc vissé à la tête et vêtu d’un boubou de couleur jaune, est assis dans une chaise en bois. Après les salutations d’usage, nous prenons place sur des tabourets, sous le regard curieux des gamins. A notre demande, Séré Youssouf accepte volontiers de faire l’historique du quartier.
Historique du quartier «Missirimambougou».
Séré soutient que c’est en 1956 que le fondateur du quartier, Seydou Cissé, un mendiant, est installé sur ces terres par son tuteur, Ladji Cissoko. « Seydou était un non-voyant. Il était marié et il avait quatre femmes et sept enfants. Jusqu’à sa mort, son trajet était de se rendre à Haoussabougou pour mendier », introduit-il. Séré ajoute que Seydou a été rejoint par un autre non-voyant du nom d’Adoh Sako, qui n’est autre que le père de l’actuel imam. « Par la suite, Daouda Konaté a rejoint le groupe. Aujourd’hui, le quartier comptera 19 familles. Toutes les personnes que j’ai citées sont décédés. Leurs enfants ne mendient plus ; ils sont devenus agriculteurs, mécaniciens », explique Séré. Néanmoins, selon l’imam, mendier n’est pas une mauvaise chose. «Dieu dit : si vous êtes pauvre, au lieu de voler, il est préférable de mendier », argue-t-il. A la question de savoir ce qu’il pense de la mesure arrêtée par le gouvernement de déguerpir les mendiants des lieux publics, il répond sans faux-fuyant. « Nous sommes des enfants de pauvres. Si on ne mendie pas, comment allons-nous manger ? Est-ce que le gouvernement peut prendre en charge tous les pauvres ? Nous demandons l’aide de Dieu qui vole à notre secours. Au temps de nos parents, les gens amenaient les sacrifices les lundis, vendredis et dimanches. C’était de la cola, des poulets ; les moutons étaient rares à ce moment-là», se remémore le guide religieux. Le vieil Séré et l’imam, les deux personnes les plus importantes présentes au quartier, à notre passage, n’ont pas caché leur satisfaction de savoir que leur quartier suscite tant d’intérêt chez d’autres personnes. En l’absence de plusieurs hommes du quartier, certainement partis à la recherche de la pitance quotidienne, ils ont offert une hospitalité à l’équipe de reportage. Après cette petite balade historique dans la mémoire du village des mendiants, nous prenons congé de nos hôtes. L’imam, affable depuis notre arrivée, a insisté pour nous raccompagner jusqu’en bordure des rails. Là, nous nous disons au revoir, dans l’espoir de revenir une prochaine fois à Missirimambougou.
Bahi K.
vendredi 9 août 2013
Enquête sur le chef mutin de la Maca
Yacou le Chinois : « Je vais m’évader »
Coulibaly Yacouba alias Yacou le Chinois va être transféré dans les jours à venir à la prison de Bouna, révèlent nos sources à l’administration pénitentiaire. Ce transfèrement est consécutif à la mutinerie meurtrière qui s’est déroulée mardi le 23 juillet à 21h 30 à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca).
Coulibaly Yacouba alias Yacou le Chinois va être conduit à la prison de Bouna. Ce transfèrement est consécutif à la mutinerie meurtrière survenue le 23 juillet dernier à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan(Maca). Selon plusieurs témoins, le pensionnaire du bâtiment C, condamné à 20 ans de réclusion criminelle depuis 2011, pour vol en réunion à main armée, avait dirigé la récente opération d’évasion des détenus de Yopougon. Mais, comme on le sait, le coup a foiré. Une dizaine de prisonniers ont été blessés par balles. Ils sont internés aux Centres hospitaliers universitaires (Chu) de Treichville et de Cocody, et à la Pisam de Cocody. A en croire nos sources, Yacou le Chinois s’est enraciné à la Maca en développant des réseaux de vente de drogue et autres activités criminelles. Et malgré la très médiatisée tentative manquée du 23 juillet, le patron des détenus du bâtiment C, ne serait pas prêt d’abandonner. «Je vais m’évader. Pour rien au monde, je vais passer 20 ans ici », aurait-il confié ces jours-ci à un de ses geôliers qui nous rapporte ces propos. Mais qui est réellement Yacou le Chinois ? Coulibaly Yacouba de son nom à l état civil, est né en 1984 à Anyama. Célibataire sans enfant et sans emploi, du moins à part le vol, il résidait avant sa condamnation au quartier Selmer de Yopougon. De source policière, c’est un jeune homme de teint clair qui mesure 1,65 m. Il pèse 55 kg avec des yeux d’asiatique. D’où le sobriquet : Le Chinois. Bandit de grand chemin, il a été arrêté le jeudi 06 octobre 2011 pour vol en réunion à main armée. Ce jour-là, à la tête d’un gang de cinq malfrats armés tous de pistolets automatiques, Yacou le Chinois et ses complices ont attaqué l’agence Ecobank de Marcory. Les gangsters ont trompé la vigilance des vigiles pour s’introduire à l’intérieur de la banque. Sur place les cinq malfaiteurs, à savoir Diallo Issa alias La base, le nommé Camara dit Beker (tué après l’opération par les flics, ndlr), Gorgée (il se serait enfui en Suisse) ; Engnanbré Franck dit Commando, et Coulibaly Yacouba alias Yacou le Chinois, ont sommé le personnel et les clients présents à se mettre face contre terre. Les coupe-jarrets opèrent tranquillement. Ils vident les caisses de la banque et dépouillent les clients de leur argent et de leurs téléphones portables. Yacou le Chinois et ses comparses emportent la somme de 20 millions Fcfa. Le gang pense avoir réussi son coup. C’était mal connaître le dispositif de surveillance mise en place. Les caméras de surveillance installées filment la scène du braquage. Parmi les malandrins, la vidéo permet d’identifier formellement le nommé Gorgée. Lors des enquêtes menées par la police criminelle, Gorgée est appréhendé. Ce dernier va servir d’appât pour attirer Yacou le Chinois dans les filets des hommes du commissaire Niagne Honoré, directeur de la police criminelle. Il coopère avec les policiers en donnant la position du chef de gang. Yacou le Chinois est donc arrêté et conduit à la direction de la police criminelle du Plateau pour être auditionné. «Je reconnais les faits. J’ai réussi trois millions F sur les 20 que nous avons volés », a-t-il avoué lors de son audition sur procès verbal.
Des révélations qui confirment la mise au point faite le lendemain de la mutinerie par le commandant en second de la Garde républicaine et patron du Centre de coordination des décisions opérationnelle. En effet, le 24 juillet, toute la presse a présenté le chef mutin de la Maca comme un ex-combattant. Joint par téléphone pour en savoir davantage, le comandant Issiaka Ouattara dit Wattao, par ailleurs ancien chef d etat major-adjoint des ex-Forces armées dans Forces nouvelles a formellement démenti cette information. En attendant son départ pour Bouna, Yacou le Chinois continue de régner en maître au bâtiment des criminels dans la prison de Yopougon. C est lui qui détient les clés des différentes cellules. Il désigne les prisonniers pour les différentes corvées. En somme il reste l homme fort du bâtiment C.
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